
Une chronique de Yann Moreels
« Les 18 ‘otages’ et rien d’autre », tonnent tous azimuts les dirigeants cambodgiens.
Une guerre apparente peut être le résultat de rivalités cachées. Entre les dirigeants plus qu’entre les peuples. Entre les mafias pour des affaires essentiellement de partage de profits lucratifs. C’est sans doute bien le cas entre la Thaïlande et le Cambodge. Des rivalités économiques, politiques et financières plus que de « souveraineté » dont s’affichent pourtant haut et fort les Premiers ministres des pays respectifs.
Pourtant, depuis quelques semaines, les dirigeants khmers ne cessent de répéter que la priorité des priorités ce sont les dix-huit soldats khmers détenus illégalement en Thaïlande !
Illégalement car tous les intervenants extérieurs en conviennent : ils ont été capturés sans préavis, sans arme à la main. Par fourberie et sans doute avec l’arrière-pensée d’envisager de faire pression pour… Des échanges ultérieurs. C’est pour cela que certains les nomment « otages ».
Illégalement aussi parce que toutes les conventions internationales obligent que ces prisonniers aient été confiés à la Croix-Rouge et parce que les Accords de paix signés par le Premier ministre thaïlandais à Kuala Lumpur prévoyaient le relâche immédiat de ces prisonniers retenus depuis déjà 130 jours. Qu’ils rentrent à la crèche immédiatement.
L’exaspération rejoint les plus élémentaires préoccupations des uns et des autres dans la région, et même dans le monde. Sauf pour les militaires thaïlandais.
Tous les canaux diplomatiques fonctionnent autour de Phnom Penh pour que ces soldats retrouvent leur liberté et rejoignent au plus vite leurs familles en ce mois de décembre. Il y a des émetteurs et pas de récepteurs.
Le Cambodge fait pression
Un communiqué du Gouvernement royal du Cambodge en date du 4 juillet 2025 exprime toute la gratitude de celui-ci envers tous les leaders, toutes les organisations internationales, les groupements de la société civile de par le monde qui se tiennent avec lui pour redemander la libération de ces dix-huit personnes.
Chaque Khmer, chaque diplomate, chaque observateur de la scène de conflit, chaque Malaisien le répète objectivement : l’Accord de Kuala Lumpur, appelé Déclaration commune du 26 octobre 2025, exige la libération inconditionnelle de ces hommes et il est difficile de comprendre la situation de blocage du gouvernement thaïlandais sans l’expliquer par des intérêts de politique intérieure ou par des sentiments malsains inexcusables.
L’approche de Noël au Cambodge résonne peut-être un peu plus, dans toute l’ex-Indochine, que chez les Siamois intransigeants ? Religieusement rigides autour du Palais royal de Bangkok, comme autour de ceux qui préparent des élections. Un peu d’humanisme est au moins attendu, sinon un souci de pleine démocratie.
Décembre ?
Néanmoins, Noël, c’est une fête de l’espoir et une fête de famille. Alors souhaitons qu’une étoile dans la nuit, au-dessus d’une frontière invisible, entre jungles, mines et temples khmers, puisse traverser les jours prochains le ciel. À ce niveau, pas de frontière. La pleine lune les appelle.
Pas de guerre. Pas de prisonniers. Deux voisins qui s’aiment. Ah, si les Rois mages étaient des rois sages…
Yann Moreels
Chaque semaine, recevez notre lettre d’informations Gavroche Hebdo. Inscrivez-vous en cliquant ici.








