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CAMBODGE – EUROPE: Les Cambodgiens appauvris par le soi disant microcrédit

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 10/08/2020
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Leader en exil de l’opposition cambodgienne, Sam Rainsy nous a déjà alerté, dans les colonnes de Gavroche, sur les ravages d’opérations dévoyées de microcrédit au Cambodge, financées par des banques européennes. Son avertissement est devenu un signal d’alarme. L’ancien ministre cambodgien des finances l’affirme: la prolifération du soi-disant microcrédit a poussé les Cambodgiens à la misère.

 

Une tribune de Sam Rainsy

 

Dans Gavroche du 6 juillet dernier (“L’avertissement de Sam Rainsy aux banques européennes actives dans le microcrédit”) j’ai déjà exposé l’historique du scandale du microcrédit au Cambodge. J’ai rappelé comment des initiatives charitables venant au départ d’associations sans but lucratif ayant pour objectif d’aider les réfugiés cambodgiens à “sortir de la pauvreté”, ont été dévoyées par une métamorphose de ces associations devenues des établissements de microcrédit se situant à la pointe du capitalisme. Ceux-ci ont finalement poussé les Cambodgiens dans une misère encore plus noire.

 

Ainsi, l’une de ces associations initialement sans but lucratif, ACLEDA, est devenue la plus grosse banque commerciale cambodgienne et le leader local du microcrédit. L’entreprise parée de ses nouveaux habits capitalistes s’est fait tout récemment coter à la Bourse de Phnom Penh, en pleine pandémie du Covid-19, avec le soutien d’un gros actionnaire français, la BRED.

 

Ironie et insulte

 

Quelle ironie et quelle insulte au miséreux peuple cambodgien que ces bénéfices flamboyants affichés sur dix ans consécutifs par ACLEDA dont la première lettre du sigle rappelle toujours son passé d’Association. Car ACLEDA est devenue, au fil des années, le plus gros usurier du Cambodge et son plus féroce prédateur quand il s’agit de saisir les terres et les maisons de misérables paysans endettés jusqu’au cou qui n’arrivent plus à respecter les échéances de remboursement de leurs dettes.

 

Trois formules perdantes pour les cambodgiens

 

Maintenant, aux dernières nouvelles, pour répondre à l’insolvabilité croissante de leurs clients pris à la gorge par la crise économique mondiale déclenchée par la pandémie du Covid-19, ACLEDA et les autres établissements cambodgiens de microcrédit proposent cyniquement aux emprunteurs défaillants trois formules parmi lesquelles ils doivent impérativement en choisir une s’ils veulent éviter la saisie effective de leurs biens donnés en gage:

 

1- Ne payer que les intérêts pendant une période de six mois renouvelable.

 

2- Si le client n’a pas de quoi payer les intérêts, additionner ces intérêts au capital dû.

 

3- Si rien d’autre n’est possible, le client doit contracter un nouveau prêt (d’un montant forcément plus élevé car incluant tous les impayés) en remplacement de l’ancien prêt.

 

Si pour chacune des trois formules proposées, le client ne respecte pas ses obligations, l’établissement de microcrédit saisira, sans plus aucun recours possible, ses biens donnés en gage. Peu importe que pour un pauvre petit paysan, perdre son champ ou sa rizière signifie devenir mendiant ou vendre ses enfants pour ne pas mourir de faim.

 

Ces trois propositions des établissements de microcrédit sont toutes fondamentalement iniques.

 

Tout d’abord, toute formule de restructuration des dettes doit inclure une réduction des taux d’intérêt. Alors que depuis plusieurs années les taux d’intérêt tendent vers zéro dans le reste du monde, ils ont été et restent toujours très élevés au Cambodge, n’ayant été légalement plafonnés qu’à partir de 2017, à 18% ! Ces taux exorbitants ont contribué à la multiplication des impayés et à la défaillance d’innombrables petits emprunteurs.

 

Ensuite, devant l’insolvabilité apparemment irréversible d’innombrables petits emprunteurs qui ont perdu leurs emplois et revenus à cause de la crise économique dont on ne voit pas la fin, on ne peut éviter une annulation partielle ou totale des dettes de ces petits emprunteurs que l’on avait encouragés dans le passé à emprunter d’une manière souvent inconsidérée et qui ont fait la fortune des établissements de microcrédit cambodgiens au cours de ces dix dernières années.

 

Sam Rainsy

 

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