Chaque semaine, notre ami Richard Werly, conseiller éditorial de la rédaction de Gavroche, partage sa vision de la France sur le site d’actualités helvétique Blick. Vous pouvez vous abonner ou consulter sa lettre d’information Republick.
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Elle tire pour tuer politiquement. Et elle ne s’en cache pas. Je veux parler de Rachida Dati, 59 ans, ministre de la Culture et maire du très cossu 7ᵉ arrondissement de Paris, que les sondages placent en tête pour la prochaine élection municipale, dans la capitale française. Les amateurs de duels télévisés jugeront sur pièce, en visionnant sa passe d’armes récente avec le journaliste Patrick Cohen. Lui l’interroge sur ses casseroles judiciaires, et les accusations répétées de corruption ou de conflits d’intérêts qui jalonnent sa carrière. Elle réplique en exhumant une enquête de Mediapart sur les supposées pratiques de harcèlement au sein de l’émission dont elle a accepté l’invitation. Les flingues sont sortis. La ministre de tutelle pilonne l’audiovisuel public qui la déteste. « Combattre et survivre » est sa devise.
J’ai, dans une chronique passée, lu pour vous « Du rimmel et des larmes » (éd. Seuil), la biographie de Rachida Dati publiée en 2009. Rien n’a changé. La courtisane a juste laissé place à l’exécutrice, misant sur le fait que les Parisiens finiront par oublier son ascension jalonnée de conquêtes masculines, de cadeaux (dont 400 000 euros de bijoux), d’absentéisme au Parlement européen, de lobbying grassement rémunéré et de règlements de compte impitoyables. Scandales à répétition, ou preuve d’une incroyable et sidérante ténacité que beaucoup d’électeurs sont finalement prêts à tolérer ? N’est-on pas condamnée, en France, à prendre l’ascenseur social par effraction, lorsque l’on a grandi dans une famille immigrée, dans un quartier populaire de Chalons-sur-Saône ? Sous la monarchie, les maîtresses des souverains faisaient la loi. En République, elles peuvent finir par gouverner, et se faire respecter.
Rachida Dati incarne la République du Talion. Coup pour coup. Droite dans ses escarpins. Un roman si français.
Bonne lecture, avec les courtisanes !
(Pour débattre: richard.werly@ringier.ch)