Match nul. Ou à peu près. Si l’on prend ses distances avec les chiffres des pertes respectives annoncées par les armées thaïlandaises et cambodgiennes, le bilan des trois journées de guerre entre les deux pays est simple à résumer : rien n’a changé. À l’heure d’écrire ces lignes, ni Bangkok ni Phnom Penh ne semblent résolus (et c’est tant mieux) à une guerre totale. Le scénario fait immanquablement penser aux affrontements frontaliers des années 1980-1990, lorsque l’armée vietnamienne occupait le Cambodge et échangeait régulièrement, des duels d’artillerie avec les forces de la résistance khmère, armées par (ou via) la Thaïlande.
Ce match nul est logique. Les deux royaumes, très dépendants du tourisme et du commerce international, ont tout à perdre à une guerre qui dure. Mieux vaut, pour les militaires des deux pays, maintenir une tension élevée pour imposer leurs vues à leurs gouvernements, sans prendre trop de risques directs. La question est donc maintenant de savoir comment sortir de cet imbroglio. Car en Asie, on le sait : l’essentiel est de ne pas perdre la face.
Une solution s’impose donc, simple et possible : la création urgente d’une nouvelle commission frontalière conjointe, assistée de juristes internationaux. La France, impliquée dans le dessin des frontières lors de sa colonisation de l’Indochine, pourrait offrir ses services, ainsi que des experts de l’ASEAN. À l’inverse, la poursuite des combats présente toujours un risque d’engrenage. Il faut dès lors une solution qui permette aux deux pays de dire qu’ils ont gagné, ou tout au moins qu’ils n’ont rien perdu. Un médiateur de haut niveau, comme l’ancien secrétaire général de l’ONU, le Sud-Coréen Ban Ki Moon, pourrait être un bon choix. Cette guerre qui n’a rien changé, en termes de gains territoriaux, doit accoucher en urgence d’une négociation à intérêts mutuels.
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