Avez-vous lu les articles successifs consacrés par Gavroche aux querelles familiales qui déchirent aujourd’hui les héritiers du défunt premier ministre singapourien Lee Kuan Yew ? Je vous encourage vivement à le faire. Car ils disent tout de l’incapacité des pays de la région à engendrer un système politique qui ne soit pas verrouillé par les liens familiaux. Lee Kuan Yew, père du Singapour moderne, ne voulait pas que sa demeure familiale devienne une sorte de mausolée. L’un de ses fils, Lee Hsien Long, lui a succédé comme premier ministre. Les enfants du patriarche se déchirent. Tout est dit. Singapour est une place financière globale où tout dépend encore largement de vos liens familiaux…

Regardez du coté du Cambodge où le premier ministre Hun Sen mène une campagne effrénée pour imposer son fils Hun Manet, de formation militaire, de lui succéder à la tête du Royaume. Regardez la Thaïlande où la fille de l’ancien premier ministre et milliardaire Thaksin Shinawatra est aujourd’hui la candidate favorite des sondages avant les élections législatives du 14 mai prochain. Le virus familial a aussi contaminé le président Indonésien Jokowi, qui pousse son plus jeune fils sur le devant de la scène avant la présidentielle de 2024…

Il ne s’agit pas de généraliser. Des outsiders peuvent heureusement toujours s’immiscer dans les plans des dynasties asiatiques. Mais ce rappel est important. Les individus, en Asie, ne portent pas seuls le fardeau politique. Ils le portent au nom de leurs clans, de leurs familles, de leurs proches. La famille est un verrou dans cette partie du monde. Savoir qui est qui, et quels sont les liens familiaux des personnalités qui détiennent le pouvoir, revêt donc la plus haute importance !