La décision prise la semaine dernière par un tribunal de district de Jakarta d’accéder à la demande d’un parti mineur obligeant la Commission des élections générales à reporter les élections générales à 2025 a fait naître le soupçon qu’elle était destinée à permettre au président Joko Widodo de disposer de plus de temps pour mener à bien certains de ses projets grandioses, notamment le déplacement du siège du gouvernement à 2 300 km de Jakarta dans les jungles du Kalimantan oriental. Telle est la thèse du site bien informé Asia Sentinel.
Compte tenu de la malléabilité des tribunaux indonésiens et de la question de savoir si ce tribunal était compétent en la matière, on soupçonne que des forces liées à Jokowi, comme on appelle le président, sont à l’origine de la décision du tribunal, ce qui a amené les critiques à s’inquiéter d’une menace pour la démocratie, en particulier dans un pays qui a passé 34 années ininterrompues sous une dictature massivement corrompue au cours de laquelle des milliards de dollars ont été volés et le tissu éthique du gouvernement a été anéanti.
Jokowi, qui jouit toujours d’une popularité phénoménale auprès de ses partisans qui lui ont proposé un troisième mandat, a nié ces accusations et a déclaré que les élections de 2024 devraient avoir lieu. Toutefois, depuis des mois, les alliés du président laissent planer le doute sur sa volonté de prolonger son mandat. Ces soupçons ont été renforcés le 2 mars, lorsque le panel de juges du tribunal de district de Jakarta central, dirigé par le juge controversé T. Oyong, a rendu une ordonnance empêchant la Commission des élections générales (KPU) de mener à bien les dernières étapes des élections générales de 2024 pendant deux ans, quatre mois et sept jours.
Remerciements à Michel Prévot
