Le Sénat philippin a décidé le 6 août d’archiver la plainte en destitution contre la vice-présidente Sara Duterte, alors même que la Chambre des représentants avait demandé de suspendre ce vote en attendant une décision finale de la Cour suprême.
Cette procédure de destitution avait été lancée en février, après que la Chambre ait accusé Sara Duterte d’« abandon de la confiance publique ». Les accusations portaient notamment sur l’usage suspect de fonds confidentiels et un complot visant à assassiner des membres de la famille présidentielle. Transmis au Sénat, le dossier avait cependant été remis à la Chambre au terme de la session parlementaire de juin, faute de traitement.
Entre-temps, la défense de Sara Duterte avait saisi la Cour suprême pour contester la validité de la procédure.
Le 25 juillet, la Cour a estimé que la procédure d’impeachment présentait une faille procédurale majeure, la rendant inconstitutionnelle.
La Chambre des représentants a alors contesté cette décision, arguant que de nouvelles règles avaient été appliquées rétroactivement pour invalider une procédure légitime.
Malgré cette contestation, le Sénat a poursuivi son vote, invoquant la décision de la Cour pour justifier l’archivage. Plusieurs sénateurs ont rappelé que la Cour suprême reste l’autorité suprême pour interpréter la Constitution et que le Sénat ne peut s’y substituer.
Le président du Sénat, Chiz Escudero, a souligné que la décision judiciaire devait guider les législateurs dans la conduite des procédures de destitution. Il a aussi mis en garde contre l’usage de cette procédure à des fins politiques personnelles.
De leur côté, les dirigeants de la Chambre ont exprimé leur frustration face à ce qu’ils jugent être un rejet précipité, défendant la légitimité et la nécessité du processus initié contre Sara Duterte pour lutter contre la corruption.
Cette mise en pause ne signifie pas un abandon définitif.
Certains observateurs estiment que si la Cour suprême venait à revoir sa décision, la procédure pourrait être relancée, même si cela reste peu probable.
L’affaire a provoqué de vives réactions dans le pays, entre soutien à la vice-présidente et appels à plus de transparence et de responsabilité. Alors que Sara Duterte sort pour l’instant renforcée de ce dossier, les débats sur la corruption au plus haut niveau restent au cœur de la vie politique philippine.
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