Singapour a relevé le 12 août ses prévisions de croissance économique pour 2025, affichant un optimisme prudent malgré un climat commercial international tendu. Le gouvernement table désormais sur une croissance du PIB comprise entre 1,5 % et 2,5 %, contre 0 % à 2 % précédemment, grâce à des résultats « meilleurs que prévu » au premier semestre.
Un rebond tiré par l’industrie et les services
L’économie de la cité-État a en effet accéléré, avec une progression de 4,4 % de son PIB entre avril et juin par rapport à l’année précédente. Cette performance, supérieure à la croissance de 4,1 % du premier trimestre, s’explique en grande partie par une anticipation des entreprises face à l’instauration de nouveaux tarifs douaniers, ce qui a temporairement dopé la production et les exportations.
Le secteur manufacturier a bondi de 5,2 % sur un an, tandis que les services, davantage tournés vers le marché intérieur, ont enregistré une solide croissance de 4,3 %.
Le spectre de la guerre commerciale américaine
Cette révision à la hausse intervient pourtant dans un contexte de fortes incertitudes, principalement liées à la politique commerciale du président américain Donald Trump. Ses menaces de « tarifs réciproques » inquiètent les dirigeants singapouriens. Seul pays d’Asie du Sud-Est à afficher un déficit commercial avec les États-Unis, Singapour devrait a priori bénéficier d’un taux de 10 %, plus faible que celui de ses voisins. La Malaisie et l’Indonésie, qui exportent davantage vers les États-Unis qu’elles n’importent, se verront appliquer des taxes de 19 %.
Pourtant, la cité-État n’est pas tirée d’affaire. Le président américain a menacé d’imposer un droit de douane de près de 100 % sur les importations de puces électroniques, ce qui jette une ombre sur Singapour et la Malaisie, deux pôles majeurs de la fabrication de semi-conducteurs dans la région.
Prudence des dirigeants et de la Banque centrale
Ce climat de tension a conduit le Premier ministre singapourien, Lawrence Wong, à avertir la semaine dernière, lors du 60e anniversaire de l’indépendance, que « les barrières commerciales se durcissaient et que les sentiments protectionnistes s’aggravaient ».
De son côté, la banque centrale de Singapour a maintenu sa politique monétaire inchangée en juillet, justifiant sa décision par une économie mondiale « plus résiliente » que prévu. Les prévisions de croissance pour les États-Unis, la zone euro et la Chine ne s’annoncent en effet pas aussi faibles qu’initialement redouté, offrant un léger répit à l’économie singapourienne.
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