Moins de deux mois après la signature d’un accord de paix, les tensions ont de nouveau éclaté, lundi 8 décembre, entre la Thaïlande et le Cambodge. L’armée thaïlandaise a mené ce qu’elle présente comme des frappes aériennes de représailles dans la région frontalière, après de nouveaux incidents armés. Cette reprise de la violence, qui aurait fait plusieurs morts, marque une détérioration spectaculaire de la situation. Le Premier ministre thaïlandais, Anutin Charnvirakul, a d’ailleurs déclaré que l’accord de paix signé en octobre – négocié sous l’égide des États-Unis – était désormais « nul et non avenu ».

« Plus de négociations. Si le Cambodge veut que les combats cessent, il devra satisfaire nos exigences », a déclaré Anutin aux journalistes.

Le Cambodge a déclaré que les forces militaires thaïlandaises avaient lancé l’attaque contre des forces cambodgiennes vers 5h. « Il convient de noter que cette attaque est intervenue après que les forces thaïlandaises ont mené de nombreuses actions provocatrices pendant plusieurs jours », selon un message bilingue du ministère de la Défense publié sur X. Le message qualifie de « fausses informations » les affirmations thaïlandaises selon lesquelles l’attaque était une riposte.

Le ministère a accusé son voisin d’avoir utilisé des avions de chasse F-16 et du gaz, a indiqué la porte-parole Maly Socheata. Elle n’a pas précisé la nature du gaz utilisé. Le Cambodge avait fait preuve de « la plus grande retenue » et n’avait pas riposté, a-t-elle ajouté.

La Thaïlande a indiqué que ses frappes aériennes constituaient une riposte à des attaques menées par des troupes cambodgiennes dans la zone frontalière de Chong An Ma tôt dans la matinée, lors desquelles un soldat thaïlandais a été tué. Le porte-parole de l’armée, Winthai Suvaree, a déclaré aux médias thaïlandais que les forces cambodgiennes avaient, dans un premier temps, bombardé des cibles militaires et civiles en territoire thaïlandais à l’aide de grenades et de roquettes, blessant plusieurs autres soldats.

Des civils pris entre les tirs croisés

Selon des médias locaux citant le ministre cambodgien de l’Information, Neth Pheaktra, l’armée thaïlandaise a tué au moins quatre civils et blessé neuf autres lors des récentes attaques. Des tirs d’armes légères ont retenti des deux côtés de la frontière. Les autorités ont invité les habitants des villages côté thaïlandais à rejoindre immédiatement des lieux sûrs.

Selon le Bangkok Post, les routes dans les provinces frontalières comme Surin étaient encombrées de véhicules transportant des habitants fuyant la zone de conflit. Des milliers de résidents des deux côtés de la frontière avaient quitté leurs foyers, selon les médias.

Un litige frontalier vieux de plusieurs décennies

Fin octobre, les deux pays voisins ont signé un accord de paix lors du sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), après de violents affrontements à leur frontière en juillet. Le président américain Donald Trump a joué le rôle de médiateur. En novembre, les autorités des deux pays ont suspendu le cessez-le-feu convenu après un nouvel incident survenu à la frontière.

Le différend concernant les 800 kilomètres de frontière séparant les deux pays dure depuis des décennies.

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