Lors de sa conférence mensuelle, le Comité mixte permanent du commerce, de l’industrie et des banques (KKoR) a dressé un état des lieux préoccupant de l’économie mondiale, soulignant les risques liés aux tensions commerciales entre les grandes puissances.
Croissance mondiale revue à la baisse
Le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé sa prévision de croissance du PIB mondial pour 2025, la ramenant de 3,3 % à 2,8 %. En cause : la montée des barrières commerciales qui fait peser un risque systémique sur les échanges internationaux, dont la croissance n’atteindrait que 1,7 %, un niveau inférieur à celui observé lors de la crise européenne de 2011.
Les signaux économiques sont faibles des deux côtés du Pacifique : la confiance du secteur industriel décline aux États-Unis, tandis que la Chine enregistre ses commandes industrielles les plus basses depuis plus d’un an.
L’économie thaïlandaise menacée par les droits de douane « réciproque » américains
Les nouvelles taxes douanières imposées par Washington sur les produits étrangers inquiètent particulièrement Bangkok. Selon les estimations du ministère du Commerce, si les États-Unis appliquaient des droits de douane de 36 % en représailles, les exportations thaïlandaises vers ce pays pourraient chuter d’environ 1 400 milliards de bahts sur dix ans.
Le secteur des PME (près de 5 000 entreprises) et quelque 3,7 millions d’emplois sont particulièrement exposés, avec une faible capacité d’adaptation face à une volatilité accrue des marchés.
Croissance révisée à la baisse pour la Thaïlande
Dans ce contexte, la croissance du PIB thaïlandais en 2025 est désormais attendue entre 2,0 % et 2,2 %, contre une prévision initiale de 2,4 % à 2,9 %. Cette décélération s’explique principalement par la faiblesse des exportations, qui ne progresseraient que de 0,3 % à 0,9 % (contre une prévision précédente de 1,5 % à 2,5 %). L’inflation, elle aussi, serait modérée, entre 0,5 % et 1 %. En cas de taxation américaine à 36 % dès le second semestre, la croissance thaïlandaise pourrait même tomber à un plancher de 0,7 %.
Un plan commercial plus fort est nécessaire
Face à ces menaces, le KKoR appelle à renforcer les négociations avec Washington pour atténuer les hausses des droits de douane. Il souligne également l’urgence de soutenir la compétitivité des exportateurs thaïlandais dans un environnement international de plus en plus concurrentiel.
Il recommande notamment l’usage accru de mesures de sauvegarde contre les importations anormalement élevées, dues aux déviations commerciales provoquées par les guerres tarifaires. Le développement d’outils numériques pour surveiller les flux commerciaux et déclencher rapidement des enquêtes en cas de dumping est également au programme.
Lutte contre les contournements d’origine
Le gouvernement renforce aussi les contrôles sur l’origine des produits exportés vers les États-Unis, afin d’éviter les contournements tarifaires. Le ministère du Commerce a élargi la liste des produits soumis à surveillance, passée de 49 à 65. Désormais, seul le Département du commerce extérieur pourra délivrer les certificats d’origine (Form C/O) pour ces produits.
Risques de perte de compétitivité régionale
Le KKoR appelle également à surveiller les négociations des droits de douane menées par des pays concurrents comme le Vietnam, la Malaisie ou l’Indonésie. Une levée ou une réduction plus rapide des barrières commerciales dans ces pays pourrait désavantager la Thaïlande sur le marché américain. Néanmoins, les signaux d’un possible apaisement commercial entre Washington et Pékin sont perçus comme un point positif pour le commerce mondial.
Préoccupations sur la monnaie et la réforme des faillites
Le baht thaïlandais, qui s’est récemment apprécié pour atteindre 32,5 à 32,7 bahts pour un dollar, suscite également des inquiétudes. Cette vigueur pénalise les exportateurs, et le KKoR appelle les autorités à limiter les fluctuations importantes du taux de change et à mieux communiquer avec les acteurs économiques pour faciliter leur adaptation.
Enfin, la réforme en cours de la loi sur la faillite, qui introduirait un nouveau processus accéléré de restructuration pour les petites entreprises (moins de 50 millions de bahts de dettes), fait débat. Le KKoR appelle à une analyse approfondie des impacts, notamment sur les garanties personnelles et l’accès au crédit pour les PME.
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