La Thaïlande est en train de s’imposer comme le nouveau pôle régional des centres de données en Asie du Sud-Est. Le pays bénéficie d’un redéploiement massif des investissements initialement dirigés vers Singapour, dont le marché est restreint, et Johor en Malaisie.
Selon les analystes de DCByte, une société internationale spécialisée dans les infrastructures numériques, la capacité totale projetée en Thaïlande atteint désormais 4,6 gigawatts (GW). Ce chiffre rapproche le royaume du niveau malaisien et lui permet de dépasser largement le marché singapourien.
Les investisseurs internationaux sont fortement attirés par les atouts structurels de la Thaïlande : le pays offre un approvisionnement énergétique stable, des procédures d’autorisation plus rapides et une congestion moindre par rapport aux hubs régionaux concurrents. Ces facteurs ont fait de la Thaïlande la destination privilégiée pour la nouvelle vague de centres de données à très haute capacité, dominée par les géants du Cloud et de l’Intelligence Artificielle (IA).
Mutation du marché et défis énergétiques
Le marché thaïlandais est en pleine mutation. Les opérateurs de colocation traditionnels ne représentent plus que 20 % de la demande, la croissance étant désormais assurée par les grands acteurs mondiaux du Cloud (comme Microsoft, Amazon et Google). Ces géants adoptent une stratégie hybride, combinant la construction de leurs propres sites à la location d’espaces pour accélérer leurs déploiements.
Cette expansion rapide pose toutefois un défi énergétique majeur. La marge de réserve électrique nationale pourrait passer de 30 % à 16–23 % dans les prochaines années. Les autorités devront lancer de nouveaux appels d’offres pour la construction de centrales, offrant ainsi de nouvelles opportunités d’investissement dans la production d’électricité.
Le conglomérat Gulf Energy Development apparaît déjà comme un bénéficiaire clé de cette tendance. Il est positionné à la fois comme producteur d’énergie et comme investisseur direct dans les centres de données, notamment via sa coentreprise Gulf Singtel Alliance avec Singapore Telecommunications et Advanced Info Service.
L’ombre des tensions géopolitiques
Sur le plan géopolitique, l’administration de Washington envisage de soumettre à licence l’exportation de processeurs graphiques avancés vers plusieurs pays, dont la Thaïlande et la Malaisie, afin d’empêcher leur réexportation vers la Chine. Bien que cette mesure puisse entraîner quelques retards logistiques, elle ne devrait pas remettre en cause la dynamique d’investissement structurelle qui propulse le secteur des centres de données et de l’IA dans le royaume.
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