L’industrie thaïlandaise du sucre transformé traverse sa pire crise depuis des années. Depuis le 10 décembre 2024, Pékin a suspendu l’importation de sirops et de poudres sucrées prémélangées en provenance de 74 usines thaïlandaises, invoquant des « risques pour la sécurité alimentaire » après des plaintes concernant l’hygiène dans certaines installations.
Le coup est rude pour le secteur, qui accuse des pertes estimées à plus de deux milliards de bahts (soit plus de 60 millions de dollars), selon l’Association thaïlandaise des produits sucrés. Plusieurs dizaines d’usines ont été contraintes de suspendre leur production, alors que les coûts liés au transport, aux amendes portuaires en Chine et à la dépréciation des cargaisons retournées continuent de s’accumuler.
Deuxième exportateur mondial de sucre, la Thaïlande avait l’an dernier fourni à la Chine plus de 1,2 million de tonnes de sucre liquide. En 2023, les exportations thaïlandaises de sucre transformé vers la Chine avaient atteint près de 854 millions de dollars américains, représentant 87 % des importations chinoises dans cette catégorie. Un succès facilité par l’accord de libre-échange ASEAN-Chine (ACFTA), qui exonérait ces produits de droits de douane.
Face à l’ampleur de la crise, les autorités thaïlandaises ont inspecté une cinquantaine d’usines locales. Selon des responsables cités sous anonymat, toutes respecteraient les normes de fabrication en vigueur. Toutefois, Pékin a exigé de nouveaux contrôles en avril, après avoir reçu une première liste de 30 usines certifiées par la Food and Drug Administration thaïlandaise.
Le secteur reste suspendu aux décisions de la Chine, principal débouché de ces exportations à forte valeur ajoutée. À court terme, l’absence de solution pourrait menacer plusieurs milliers d’emplois, dans un contexte économique thaïlandais déjà fragilisé par la baisse de la demande mondiale.
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