Alors que les tensions s’intensifient au Moyen-Orient entre Israël et l’Iran, les marchés de l’énergie redoutent déjà les conséquences d’un conflit prolongé sur les infrastructures pétrolières et gazières. À la différence des confrontations antérieures, rapidement contenues, l’attaque récente menée par Israël sur les installations de traitement de gaz liées au champ gazier géant de South Pars en Iran, ainsi que les menaces de Téhéran de frapper des navires et des bases militaires dans le golfe Persique et en mer Rouge, marquent une nouvelle escalade.
Les analystes envisagent désormais trois scénarios possibles. Le premier, celui d’une escarmouche limitée entre Israël et l’Iran, semble de moins en moins probable. Le second, celui d’un conflit bilatéral affectant les infrastructures énergétiques, avec un effet de contagion modéré dans la région, pourrait réduire la production pétrolière iranienne de 1 à 1,5 million de barils par jour, faisant grimper les cours du brut au-delà des 90 dollars. L’alliance OPEP+ pourrait certes répondre par une augmentation de sa production, atténuant la pression sur les prix. Enfin, le troisième scénario – celui d’une guerre régionale prolongée – entraînerait une large perturbation de l’approvisionnement énergétique au Moyen-Orient. La fermeture du détroit d’Hormuz, par lequel transitent 20 % du gaz naturel liquéfié (GNL) mondial, majoritairement qatari, deviendrait alors une hypothèse lourde de conséquences.
Une telle situation pourrait faire bondir les prix du pétrole au-delà des 110 dollars le baril, et les prix du GNL exploseraient sur les marchés mondiaux.
La Thaïlande n’est pas à l’abri de cette flambée. Le prix moyen du gaz naturel sur le marché intérieur, déjà élevé à 9,2 dollars/mmbtu au premier trimestre 2025, pourrait grimper à 10,2 dollars/mmbtu en moyenne annuelle si le conflit s’aggrave.
Dans ce contexte, certains acteurs thaïlandais du secteur énergétique pourraient tirer leur épingle du jeu. Le producteur national PTT Exploration and Production (PTTEP) verrait son bénéfice net augmenter de 1,3 % pour chaque dollar de hausse du brut. Les raffineurs Thai Oil (TOP) et Star Petroleum Refining Company (SPRC) sont également bien positionnés : la remontée des prix du pétrole pourrait transformer les pertes sur stocks prévues au deuxième trimestre en gains au second semestre, tandis que les marges de raffinage devraient rester solides grâce à la demande saisonnière.
En revanche, les raffineries intégrées aux complexes pétrochimiques comme The Siam Cement Public Company (SCC) et IRPC Public Company pourraient souffrir de la hausse des coûts du naphta, comprimant leurs marges. L’impact sur PTT Global Chemical (PTTGC) serait plus nuancé : la société pourrait compenser la pression sur ses activités pétrochimiques grâce à sa raffinerie et à son unité de vapocraquage à l’éthane.
Quant au détaillant pétrolier PTT Oil and Retail Business (OR), il pourrait voir ses marges de distribution s’éroder, notamment sous l’effet du retour d’un plafonnement strict du prix du diesel.
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