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THAÏLANDE – HISTOIRE : Le Siam et la France en 1914-1918, notre série historique

Date de publication : 18/03/2024
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Rama VI

 

Gavroche a la chance de compter parmi ses lecteurs des auteurs prolifiques et de qualité. Parmi eux, Eiman Caze, jeune journaliste français auteur d’un documentaire sur les relations entre le Siam et la France durant la première guerre mondiale. L’occasion d’une belle série historique en trois épisodes.

 

Épisode 1 : Rama VI déclare la guerre

 

Le 22 juillet 1917, le roi du Siam Rama VI déclare la guerre à l’Allemagne et l’Autriche Hongrie. Pour le pays, cette participation à la Grande guerre est l’occasion de moderniser son armée mais aussi et surtout de s’imposer sur la scène internationale.

 

Le 30 juillet 1918 le SS Empire accoste au port de Marseille. À son bord, 1284 soldats … thaïlandais. Et oui, aussi invraisemblable que ça puisse paraître, le Siam a bien participé à la Première Guerre mondiale. Le pays est d’ailleurs le seul État souverain d’Asie-du-sud-est à participer à la Grande guerre en Europe.

 

L’histoire commence en 1917 lorsque le roi de l’époque Rama VI déclare officiellement la guerre à l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie. À ce moment-là, la décision étonne. L’armée thaïlandaise insuffisamment équipée n’a aucune chance de rivaliser face aux grandes puissances européennes. Alors pourquoi prendre autant de risques ?

 

Pour comprendre cette décision il faut revenir un tout petit peu en arrière. Au début du XXe siècle, la Thaïlande, ou plutôt le royaume de Siam, est une monarchie absolue. Le pays vit surtout de sa production agricole alors que l’activité industrielle en est à ses débuts. Sur le plan international, le royaume est en très mauvaise posture. Bien que le pays n’ait jamais été colonisé, sa souveraineté est menacée par ses deux grands voisins colonialistes que sont la France, présente en Indochine et la Grande-Bretagne qui occupe alors l’actuelle Birmanie et Malaisie. En 1893, le Siam est contraint de céder à la France ses territoires à l’est du Mékong, qui correspondent à l’actuel Laos qui vont alors intégrer l’Indochine française. Le pays est également forcé de signer une série de traités dits inégaux qui vont entraîner de très sévères pénalités commerciales pour le Siam.

 

En juillet 1914, lorsque la Première Guerre mondiale éclate, il n’y aucun débat à Bangkok sur la position à adopter. Et le 6 août, le roi, considérant que le Siam n’a aucun intérêt à prendre parti, confirme officiellement la neutralité du royaume. Mais pour Rama VI qui souhaite se tenir à l’écart du conflit cette position est de plus en plus difficile à tenir. En effet, les diplomates et hommes d’affaires occidentaux, notamment français, britanniques et allemands présents en nombre à Bangkok, font de plus en plus pression pour convaincre le Siam de rejoindre leur camp. Finalement, la couronne finit par renoncer à sa neutralité et annonce le 22 juillet 1917 entrer en guerre contre l’Allemagne et l’Autriche Hongrie.

 

L’objectif du roi et de ses conseillers est double. En participant à la Grande Guerre, la couronne souhaite former ses soldats en France et entrer dans le club très restreint des puissances asiatiques initiées aux techniques de la guerre moderne. Sur le plan politique, le roi espère également renforcer la stature de son pays sur la scène internationale. Pour la première fois dans son histoire, Bangkok va s’opposer à une grande puissance : l’Allemagne. En faisant ça, la couronne veut montrer que le Siam est un état puissant, moderne et surtout qu’il est l’égal des grandes puissances européennes. Concrètement, le roi espère qu’en cas de victoire des alliés, il puisse faire évoluer ses relations diplomatiques avec la France et l’Angleterre, qui menaçaient jusque-là la souveraineté du pays.

 

Eiman Cazé

 

Visionner le documentaire sur Youtube

 

 

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1 COMMENTAIRE

  1. En 1917, le Siam, guidé par Rama VI, embrasse le théâtre mondial en déclarant la guerre à l’Allemagne et à l’Autriche-Hongrie, une décision stratégique visant à réaffirmer sa souveraineté et à se moderniser. Loin d’une quête de gloire militaire, cette manoeuvre diplomatique et symbolique cherche à renégocier l’équilibre de pouvoir et à réviser les traités inégaux, sous le poids des ambitions coloniales environnantes. Le débarquement de 1 284 soldats siamois à Marseille en 1918 incarne cette aspiration, marquant non seulement un engagement physique dans le conflit mais aussi une volonté d’intégration dans la communauté internationale des nations modernes et souveraines. La participation du Siam à la Première Guerre mondiale, plus qu’une contribution militaire, est un acte de diplomatie stratégique, visant à s’affranchir des contraintes coloniales et à asseoir le pays sur la scène internationale.

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