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THAÏLANDE – POLITIQUE : A quoi ressemble le paysage politique thaïlandais en cette fin 2025 ?

Date de publication : 19/10/2025
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Natthaphong Ruengpanyawut

 

Une chronique de Philippe Bergues

 

En Thaïlande, une élection générale doit légalement se tenir 60 jours après la dissolution de la Chambre basse. Le Premier ministre Anutin Charnvirakul a, lors de sa déclaration de politique générale, promis une dissolution fin janvier 2026. Au moment où j’écris ces lignes, 104 jours nous séparent de l’annonce tant scrutée par les députés et les partis. Tous s’y préparent en amont et il nous a paru opportun de dresser un état des lieux de cette bataille électorale à venir.

 

La pré-campagne est bien lancée entre tentatives de débauchages entre partis (les fameux députés-cobras !), promesses de postes et reconfiguration des équipes dirigeantes. Car dans l’ex-Siam, tous les législateurs actuels ont la liberté individuelle de changer de parti et de s’inscrire comme membres de leur nouveau camp dans un délai d’un mois avant l’élection. Une sorte de « mercato » politique est en marche. Mais on ne voit pas encore dans quel ordre de grandeur.

 

Le parti Bumjaithai vise plus de 100 députés dans le prochain Parlement

 

D’un parti connu pour son pouvoir provincial grâce aux « grandes familles » qui dirigent leur territoire comme un patronage, à l’exemple du clan Chidchob à Buriram, le Bumjaithai espère en 2026 gagner une assise nationale lors des élections législatives. 400 sièges de circonscription et 100 sièges de liste sont en jeu. Jusqu’à maintenant, le Bumjaithai était largement dépassé par les partis mastodontes à l’échelle nationale. Mais cette fois-ci, fort de diriger le gouvernement temporaire durant quatre mois, l’objectif affiché est de demeurer au pilotage d’une future coalition gouvernementale. Le parrain Newin Chidchob l’a clairement affirmé le 4 octobre, à l’occasion de ses 67 ans, où Anutin était de la cérémonie d’anniversaire (au lieu d’être près des populations inondées ont dit ses détracteurs) : « puissiez-vous rester Premier ministre encore 4 ans ! » a déclaré Newin.

 

Pour ce faire, le BJT préfigure sa campagne visant à obtenir au moins 100 députés. La stratégie du parti repose sur trois piliers : nationalisme, populisme et clientélisme. Nationalisme en apparaissant toujours en soutien de l’armée royale et en exploitant tous les enjeux de souveraineté et de sécurité aux frontières, dans le contexte actuel avec le Cambodge. Populisme en relançant en ce moment même le programme de co-paiement « Khon La Krueng Plus », initié par le gouvernement dirigé par le général Prayut Chan-o-cha. Clientélisme, en attirant vers le parti d’actuels députés du Pheu Thai du Nord et de l’Est, qui doutent de la « marque Thaksin » pour les élections à venir, et en s’assurant du soutien des puissants clans politiques locaux. Baronnies utiles pour espérer gagner et influencer les électeurs.

 

Le Pheu Thai entend rester un parti incontournable pour l’électorat thaïlandais

 

Avec Thaksin derrière les barreaux au « Bangkok Hilton », sur le point d’être transformé en professeur d’anglais pour ses collègues détenus, et non en exil politique comme on a pu le penser un instant suite à son escapade de quelques jours à Dubaï, le Pheu Thai conserve l’influence de son patriarche sur le sol national. Lors d’un récent congrès du parti, les 185 premiers candidats du parti ont été annoncés et les autres suivront assez rapidement selon le porte-parole, Danuporn Punnakanta.

 

Répondant aux inquiétudes concernant le départ de députés vers d’autres couleurs, Paetongtarn Shinawatra a déclaré que « près de 50% de la sélection des candidats était terminée, ce qui montre l’engagement du parti ». Elle a ensuite confirmé que « trois candidats au poste de Premier ministre avaient été décidés et restaient pour l’instant confidentiels, et qu’aucun n’appartient à la famille Shinawatra ». Histoire de tordre la rumeur grandissante que le mari de sa sœur aînée Pintongta serait pressenti pour le poste.

 

L’ancienne cheffe du gouvernement a déclaré que le Pheu Thai entreprend une restructuration majeure pour renforcer son unité et son efficacité. Avec l’objectif de rajeunir ses cadres. L’objectif espéré est d’arriver à au moins 200 députés élus pour le parti thaksinien. « Reeboot Pheu Thai, Reeboot Thailand » est le thème de campagne retenu. On notera que, par rapport aux dernières élections générales de 2019, on ne parle plus au PT de « raz-de-marée » conduisant directement à une majorité absolue. Le discours reste ambitieux, mais plus modeste dans la méthode. Et Paetongtarn se montre sur le terrain, empathique avec les villageois touchés par les inondations à Sukhothai et à Uttaradit. Ce qui était un calcul d’image pour contraster avec la présence d’Anutin à la fête d’anniversaire de Newin Chidchob à Buriram. Paetongtarn a voulu apparaître comme privilégiant les petites gens aux agapes des puissants.

 

Le People’s Party, toujours favori des élections ?

 

Longtemps immense favori dans tous les sondages, le Parti du Peuple n’apparaît plus dominant autant l’adversité depuis qu’il a permis à Anutin et au Bumjaithai de diriger le gouvernement intérimaire de quatre mois. Certains militants, sympathisants et potentiels électeurs ont été troublés par cette décision de soutenir le candidat conservateur. Aux idées bien éloignées du camp progressiste et à l’abandon des décisions de souveraineté aux militaires, au détriment du pouvoir civil. Ce qui n’est pas la matrice du parti « orange ».

 

Il y a toujours une inconnue juridique : 44 anciens députés de Move Forward, parti prédécesseur du PP et dissous, font en ce moment l’objet d’enquêtes déontologiques menées par la Commission nationale de lutte contre la corruption (NACC). Le dénouement de cette affaire pourrait intervenir dans la même temporalité que la campagne électorale à venir. Pour quelles conséquences sur la crédibilité et l’influence du Parti du Peuple ? Les jugements politiques en Thaïlande sont récurrents en Thaïlande, de la dissolution des deux premières moutures « orange » Future Forward et Move Forward, à l’interdiction de Pita Limjaroenrat pendant 10 ans d’activité partisane et plus récemment, la destitution de Paetongtarn Shinawatra.

 

Néanmoins, les cadres actuels semblent avoir retenu la leçon de 2023, quand avec l’empêchement de Pita, ils s’étaient retrouvés sans candidat alternatif à la fonction de Premier ministre. Pour 2026, tout semble indiquer qu’ils désigneront au moins 3 candidats, Natthaphong Rueangpanyawut, chef du parti, Veerayooth Kanchoochat, chef adjoint et Sirikanya Tansakul, également cheffe adjointe. Le PP devrait maintenir un esprit réformiste dans son programme, en évitant la confrontation directe avec l’establishment et en abandonnant toute perspective de faire évoluer la monarchie. Son objectif ? « 20 millions de voix aux élections législatives et 250 sièges de députés ». Ce qui serait une remarquable performance, en amélioration des résultats déjà très bons de 2023.

 

Philippe Bergues

 

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