Le 30 avril 1975 est, pour des millions de Vietnamiens à travers le monde, une date qui rime encore avec blessure. Ces Vietnamiens-là comprirent, lorsque les chars communistes pénétrèrent dans Saïgon, qu’ils devaient quitter le pays. Dans la foulée de cette réunification par la force, l’exode des « boat people » commençait. Il n’est pas possible, 50 ans après, d’oublier ce que cette date fatale signifia en termes de répression politique et d’étau sécuritaire. Le Parti communiste vietnamien, toujours fermement au pouvoir en 2025, parvenait à ses fins après trente ans de guerre et une décolonisation impitoyable. Les capitales occidentales, alors, redoutaient de voir ensuite tomber Bangkok, Kuala Lumpur ou Jakarta… Une théorie des dominos qui s’est heureusement révélée fausse.
Cette douleur du 30 avril 1975 ne doit pas occulter une réalité.
Les guerres successives du Vietnam furent des tragédies dont la France, puissance coloniale, et les États-Unis comme la Chine et l’ex-URSS, puissances interventionnistes, portent une écrasante responsabilité. La litanie des victimes de tous les camps, durant ces années de fureur et d’horreur, hante encore le Vietnam de 2025. C’est en partie en raison de cette lutte remportée au prix de tant de sacrifices que le Parti communiste vietnamien conserve sa légitimité, illustrée par les cimetières militaires à travers le pays, aujourd’hui ouvert aux touristes et au commerce mondial.
Enraciné en Asie du Sud-Est, dans cette Thaïlande jamais colonisée qui servit de base aux forces américaines pour bombarder le Vietnam et le Cambodge, Gavroche ne veut pas faire le tri dans les mémoires. Notre rôle est de regarder, avec tous nos lecteurs, l’Histoire en face. C’est pour cela que nous avons décidé de publier plusieurs articles de la presse officielle vietnamienne.
Le 30 avril 2025 fut une date historique. Ce jour-là, une nouvelle Asie du Sud-Est a émergé des ruines d’un des plus violents conflits de l’Histoire. Depuis, et c’est tant mieux, le Vietnam s’est reconstruit avec succès. Le pays demeure, malheureusement, dirigé par un régime communiste autoritaire qui musèle la presse et emprisonne les opposants. Tout cela, nous le savons. Tout cela, nous le relatons. Parce que Gavroche a les yeux ouverts pour vous, nos lecteurs. Et parce que l’Histoire forme un tout, aussi difficile à accepter soit-elle.
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