En 1975, des milliers de bébés ont été sauvés par avion de la guerre du Vietnam raconte Al Jazeera.

Certains des participants à l’opération « Babylift » se souviennent avec émotion des événements de ces quelques jours, alors que les troupes nord-vietnamiennes se rapprochaient de Saïgon, et du destin tragique des enfants qui en ont découlé.

Nous sommes le 4 avril 1975, une journée ensoleillée à Saïgon, bientôt rebaptisée Hô-Chi-Minh-Ville.

Mais l’atmosphère est lourde de violence et de tensions. La guerre du Vietnam touche à sa fin, et les forces nord-vietnamiennes encerclent la ville, semant le chaos. Alors que la population sud-vietnamienne et ses alliés américains s’efforcent d’évacuer ceux qui risquent le plus de subir des représailles, l’incertitude et la peur règnent sur la ville.

Un nombre incalculable de personnes resteront finalement sur place, mais plus de 100 000 politiciens, militaires et autres individus associés au camp en déclin seront évacués par avion en vue d’une réinstallation. Parmi eux, des dizaines de bébés et d’enfants orphelins, dont beaucoup sont des « Amérasiens », nés de relations entre des mères vietnamiennes et des soldats américains, seront désormais placés dans des familles aux États-Unis et dans d’autres pays à travers le monde.

Dans l’un des avions – un imposant transporteur militaire américain C-5A – « les enfants étaient attachés deux par deux dans le compartiment des troupes », a écrit le lieutenant-infirmier de bord Regina Aune, qui se trouvait sur le vol. Ceux qui se trouvaient dans la soute « étaient placés sur des couvertures et attachés au sol à l’aide de sangles de litière et de sangles d’arrimage », explique-t-elle dans son livre, Operation Babylift : Mission Accomplished, publié en 2015 à l’occasion du 40e anniversaire de la mission.

La plupart des enfants sont remis par de jeunes femmes vietnamiennes qui sanglotent à l’idée de confier leurs bébés à « des étrangers d’un autre pays, parlant une langue qu’ils ne peuvent pas comprendre ».

Peu après 16 heures, l’avion décolle de l’aéroport de Tan Son Nhut, transportant près de 300 personnes, mais quelques minutes après le décollage, les verrous de la rampe de chargement arrière cèdent, entraînant la séparation de la porte de chargement et la décompression de l’avion à 7 000 mètres dans le ciel. Aune échappe de justesse à l’aspiration et se souvient plus tard d’avoir vu son collègue « pendu par le bras, le reste du corps se balançant dans le vide ».

Les commandes de vol ont été gravement endommagées et l’avion entame une descente rapide.

Il est clair que l’appareil ne pourra pas revenir à l’aéroport, aussi les pilotes visent-ils une rizière voisine, mettant les gaz pour soulever le nez de l’appareil avant l’atterrissage.

Lorsqu’il touche le sol, l’avion dérape avant de repartir comme une pierre, puis de s’écraser sur une digue et de se briser en quatre morceaux. Aune est projeté sur toute la longueur du compartiment, subissant une fracture du pied et d’autres blessures.

Une fois qu’elle a réussi à sortir, elle voit « des débris et des épaves dans toutes les directions ». Le pont d’envol est à 90 mètres et à l’envers. Son collègue qui se balançait a réussi à garder sa prise, et il s’aide maintenant d’une béquille et de ceintures de sécurité pour soigner sa jambe cassée avant de participer au sauvetage.

Une chaîne humaine se forme au milieu de la dévastation pour transmettre les enfants survivants aux hélicoptères de sauvetage, et Aune aide à mettre les nourrissons en sécurité jusqu’à ce qu’elle s’évanouisse. Plus tard dans l’année, elle sera la première femme à recevoir le prix Cheney, une médaille de l’armée de l’air américaine récompensant la bravoure et l’abnégation.

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