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ASIE DU SUD EST – GÉOPOLITIQUE: La diplomatie des gardes-côtes, l’autre versant de l’ASEAN

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 06/04/2020
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Coup de chapeau aux deux experts auteurs de la dernière publication de l’IRSEM, l’institut de recherche stratégique de l’école militaire française. Dans cette étude intitulée «la diplomatie des gardes-cotes en Asie du sud-est», Benoit de Treglode et Eric Frecon passe en revue les enjeux maritimes stratégiques de la région. Passionnant. A lire en gardant en mémoire qu’il y aura un après coronavirus…

 

Un extrait de l’étude «La diplomatie des gardes cotes en Asie du sud est» (IRSEM)

 

D’une part, la région s’avère particulièrement concernée par la sécurité non-traditionnelle (donc essentiellement « humaine ») inscrite en droit à l’agenda des forces de garde-côtes, et ce d’autant plus que les marins n’y sont généralement guère entraînés ou préparés. En effet, le banditisme maritime et la piraterie n’ont pas totalement disparu (ces quatre dernières années, les attaques dans le détroit de Singapour n’ont jamais été aussi nombreuses qu’en 2019) ; la pêche illégale est un fléau (qui avait provoqué la mise en place d’une force spéciale en Indonésie lors du premier mandat de Joko Widodo, dit Jokowi : la SATGAS 115) ; l’esclavage demeure une réalité sur certaines embarcations (notamment dans le golfe de Thaïlande) ; sans parler des trafics illicites (liés au terrorisme ou aux animaux sauvages, en mers de Sulu-Sulawesi), des migrations illégales (par exemple des Rohingyas de Birmanie) et des réponses aux catastrophes naturelles.

 

Coastguardisation

 

De plus, au-delà des questions de l’objet, se pose, en toile de fond, celle de la pratique des relations internationales. En l’espèce, il existerait une spécificité sud-est asiatique également favorable à ce que certains appellent sur place la coastguardisation, en particulier autour de la mer de Chine méridionale. Les relations avec la Chine, pour parler clairement, ne peuvent se régler par la seule acceptation d’un code de conduite. Les relations y sont plus complexes, à de multiples niveaux, par dosages subtils mêlant diplomatie économique, culturelle, de défense en général et navale en particulier.

 

Concrètement, les rapports à la Chine reposent sur une « ambiguïté stratégique » salvatrice et, dans ce jeu, les garde-côtes et leur statut y tiennent une place de choix – au même titre, d’ailleurs, que les milices chinoises et vietnamiennes , plus ou moins officielles, ainsi que les plateformes, bateaux scientifiques et tout autre acteur paramilitaire susceptible de diffuser des signaux aux États voisins. C’est pour jouer sur ce tableau, au cœur des « zones grises » stratégiques et des dégradés de souveraineté en mer – des eaux territoriales jusqu’à la haute mer, via les détroits et autres eaux archipélagiques définies par la Convention des Nations unies sur le droit de la mer – que la Chine a lancé le mouvement en 2013.

 

Elle a coordonné l’action de ses garde-côtes, avant de les raccrocher au sein des forces armées. En réaction, les États de la région ont tout d’abord mal réagi, en répondant à ces « coques blanches » par des « bateaux gris » (comme dans les récifs de Scarborough en 2012, entre Chinois et Philippins). Ensuite, ils ont remis sur le devant de la scène des forces de l’ordre longtemps effacées derrière les marines, parfois pour des raisons historiques et de prestige . C’est particulièrement le cas dans les deux États archipels : aux Philippines et en Indonésie

 

Assurer le statu quo

 

L’objectif reste d’assurer le statu quo, pour éviter l’escalade tout en envoyant un signal suffisant et nécessaire. Aujourd’hui, les garde-côtes sont sans surprise de toutes les crises, à commencer par la dernière en date, au large des îles indonésiennes Natuna entre Chine et Indonésie, en écho aux précédents accrochages qui avaient même donné lieu à des coups de feu en 20169 . Pour ces raisons liées aux objets et pratiques changeants des relations internationales, dans le temps aussi bien que l’espace, il a paru qu’il était temps de se pencher sur cet acteur émergent au cœur de la géoéconomie et de la géopolitique de l’Asie du Sud-Est maritime, elle-même le cœur de l’Indo-Pacifique.

 

Téléchargez ici l’étude de l’Iserm.

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