Une chronique littéraire de Richard Werly.
Abbé Pierre, les faits et l’héritage
Je n’ai pas encore lu l’enquête que viennent de consacrer à l’Abbé Pierre les journalistes Laetitia Cherel et Marie-France Etchegoin. Est-il accablant de révélations sur les errements personnels et sexuels de ce prêtre qui, pendant 50 ans, incarna la lutte contre les inégalités en France ? Oui, si j’en crois les premiers compte-rendus. Je vais donc entamer sa lecture, au moment où la question des violences dans l’Église catholique est assurée de resurgir après le décès du pape François. Sur ce sujet, ce dernier avait tenu à l’écart les collectifs de victimes françaises de prêtres et d’éducateurs catholiques, tout en exigeant de son clergé toute la vérité.
Son successeur ouvrira-t-il les archives du Vatican sur l’Abbé Pierre ? Mon opinion n’a pas changé. Je l’écrivais dans Blick le 9 septembre 2024. « Crucifier l’Abbé Pierre, débaptiser les foyers qui portent son nom – y compris en Suisse où il fut exfiltré en Suisse par la hiérarchie catholique à la fin des années 50 pour faire oublier certains abus précoces – ne rendra pas justice à celles que l’homme de foi a offensé et violenté. Au risque d’oublier le courage. La volonté. L’exemple qui, chez tous ceux ne connaissaient pas sa face sombre, demeure une tranche de vie et d’action éloquente, dans des sociétés où les plus pauvres sont encore aujourd’hui broyés, parfois abandonnés sous nos yeux de témoins trop souvent égoïstes. »
«Abbé Pierre, la fabrique d’un Saint»
Laetitia Cherel et Marie-France Etchegoin (Ed. Allary)
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