L’économie thaïlandaise montre des signes d’essoufflement. Entre un tourisme en berne, une consommation interne poussive et des tensions commerciales mondiales persistantes, le pays peine à relancer sa croissance. Les perspectives pour 2025 s’assombrissent : la croissance du PIB est désormais attendue à seulement 1,7 %, avec des risques clairement orientés à la baisse.
Face à cette conjoncture, la Banque de Thaïlande (BoT) se retrouve à un tournant décisif de sa politique monétaire. Alors que son taux directeur est actuellement fixé à 1,75 %, après deux baisses successives depuis le début de l’année, de nombreux indicateurs suggèrent que ces mesures restent insuffisantes pour relancer véritablement l’économie.
Des conditions monétaires toujours restrictives
Malgré l’assouplissement du taux directeur, les conditions financières continuent de se resserrer. Le baht reste fort, le crédit bancaire recule, les taux d’intérêt appliqués par les banques demeurent élevés, et la Bourse peine à se redresser. Cette combinaison d’indicateurs montre que la politique monétaire peine à se transmettre efficacement à l’économie réelle.
En parallèle, le ratio M2/PIB – indicateur de la masse monétaire relative à la taille de l’économie – est en contraction, signalant un resserrement monétaire « discret » qui freine l’activité.
Le tourisme ne suffit plus
Longtemps moteur de croissance, le tourisme peine à jouer son rôle traditionnel de stabilisateur économique. La baisse marquée des arrivées en provenance de Chine, liée à des catastrophes naturelles récentes, pèse lourdement sur les recettes touristiques. Et alors que les autres secteurs économiques restent à la traîne, le pays court désormais le risque d’un véritable coup d’arrêt sans action macroéconomique d’envergure.
Préserver la marge de manœuvre monétaire
Dans ce contexte, la Banque de Thaïlande insiste sur la nécessité de préserver son « espace de politique monétaire », en gardant en tête un seuil plancher implicite situé à 0,50 %. Toutefois, les analystes du cabinet Kiatnakin Phatra Financial Group estiment que ce seuil pourrait être franchi si les conditions continuent de se détériorer. Ils prévoient un taux directeur à 1,25 % à moyen terme, voire plus bas si des chocs externes venaient aggraver la situation.
Explorer les outils non conventionnels
Alors que le gouvernement dispose de peu de marge de manœuvre budgétaire et tarde à réagir, la Banque de Thaïlande pourrait devoir innover pour relancer l’économie. Des experts suggèrent de s’inspirer de ce qui a été fait à l’étranger en utilisant des outils ciblés, comme des prêts bonifiés aux banques sur le long terme, des garanties publiques pour faciliter l’octroi de crédits, ou des programmes de soutien aux emprunts pour les entreprises. Ces solutions visent à redonner aux banques les moyens de prêter davantage, dans un pays où le financement de l’économie passe principalement par le secteur bancaire.
Un nouveau gouverneur, une nouvelle stratégie ?
La nomination prévue d’un nouveau gouverneur de la BoT en octobre pourrait également redessiner les contours de la politique monétaire. Dans ce contexte, la voie semble désormais ouverte à une détente monétaire plus marquée, doublée d’une réflexion sur des mesures non conventionnelles. « Le monde sous 50 points de base » n’est peut-être pas encore là. Mais à en croire les signaux venus de Bangkok, il se rapproche à grands pas.
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