Une chronique économique de Yann Moreels
Une nouvelle politique nationale du transport aérien cambodgien, mise en place depuis avril dernier, concerne la période 2025-2035. Il s’agit avant tout de libéraliser le trafic aérien et d’en faire un objectif ambitieux pour le tourisme, pilier du développement économique cambodgien.
Le transport aérien se voudrait désormais en marche pour une étape de développement efficace et durable, de façon à renforcer la place du royaume dans le contexte régional. Place où Bangkok, personne ne l’ignore, reste « le » point d’ancrage, incontournable mais jalousé.
Une volonté politique et une ambition
Selon le Premier ministre Hun Manet, le secteur aérien a connu une forte reprise en 2024, avec 6,24 millions de passagers (+22 %), 58 354 vols (+14 %) et 77 852 tonnes de fret aérien (+40 %).
Selon le porte-parole du Secrétariat d’État à l’Aviation civile, plusieurs stratégies ont été définies dans la nouvelle politique communiquée par les autorités le mois dernier. Sont concernés :
la libéralisation des droits aériens,
les destinations de vol,
les capacités aériennes du pays,
la nationalité des actionnaires,
la direction des compagnies aériennes,
les services aéroportuaires,
le renforcement de la qualité des services fournis,
la maintenance sous toutes ses formes,
La protection des passagers aériens et des utilisateurs.
Stratégie de FRET… régional
L’objectif de cette nouvelle impulsion politique aérienne, engagée depuis le mois d’avril 2025, serait également de doubler ou de tripler la capacité du Fret aérien, concomitamment à l’accroissement de l’accueil des passagers.
La promotion d’une concurrence loyale, notamment pour exister sur le plan régional. La coordination et l’utilisation des technologies modernes adaptées. Une progression constante. Tout ceci figure parmi les stratégies prioritaires pour le fret aérien comme pour le transport de passagers.
TECHO Airport, un plan décennal ?
Le Cambodge s’apprête à tourner une page de son histoire aérienne avec la fermeture de Pochentong, son aéroport international historique de Phnom Penh créé en 1959 et rénové dans les années 1990 pour le porter à une capacité de 5 millions de voyageurs/an. Après plus de six décennies de service, il cédera sa place à une infrastructure moderne, à l’architecture inspirée du design khmer, symbolisant les ambitions nouvelles du royaume en matière de connectivité régionale.
Toutes les opérations aériennes seront transférées en un seul jour (à minuit zéro une le 09/09, après le dernier vol de Korean Airlines à minuit de Pochentong) au mois de septembre 2025 vers le tout nouveau « Techo International Airport », situé à environ 30 km de Pochentong. Une infrastructure audacieuse, inspirée de la khmeritude, qui s’étend déjà sur environ 2 600 hectares au sud de la capitale.
Le nouvel aéroport « TECHO INTERNATIONAL AIRPORT » est prévu pour accueillir jusqu’à quinze millions de passagers, par an, durant la période de ce programme 2025-2030. Il a été conçu pour recevoir des appareils de très grande capacité, tels que l’Airbus A380-800, tout un programme de progression et de développement vers 2035.
Toujours un partenaire chinois ?
Oui, bien sûr. Le projet d’un milliard et demi de dollars (!) est supposé être financé par la banque chinoise de développement.
La reprise actuelle d’une liaison suspendue depuis la pandémie confirme d’ailleurs si besoin était que la Chine demeure un partenaire touristique majeur pour le Cambodge, voire plus.
La compagnie aérienne chinoise Ruili Airlines a repris ses vols directs hebdomadaires entre la ville de Wuxi, dans la province chinoise du Jiangsu, et la province cambodgienne de Preah Sihanouk (Sihanoukville, ex-Kompong Som), après plusieurs années d’interruption dues à la pandémie.
Le 18 mai dernier, 126 touristes chinois sont arrivés à l’aéroport international de Preah Sihanouk à bord du vol DR5031. Ils ont été accueillis par les autorités locales, dans une ambiance organisée et festive.
En 2024, le Cambodge avait accueilli 848 952 visiteurs chinois, soit une augmentation de 55 % par rapport à l’année précédente. La Chine est alors devenue la troisième source de touristes étrangers au Royaume, derrière la Thaïlande (et oui…) et le Vietnam. 2025 pourrait en faire autant.
Avec la consolidation des relations sino-cambodgiennes et l’attrait croissant du Cambodge comme destination asiatique de vacances, les autorités gouvernementales comptent bien dans cette stratégie réaffirmée sur une hausse significative du nombre de touristes chinois en 2025 et suivantes.
Comment exister face aux voisins ?
La stratégie mise en place pour cette décennie 2025-2035 pour le secteur aérien n’occulte pas les efforts entrepris par ailleurs par le gouvernement de Hun Manet. C’est pourquoi cette nouvelle volonté d’avoir les pieds sur terre pour gérer le domaine aérien prévoit une meilleure intégration avec les stratégies nationales du ministère du tourisme mais aussi celles du commerce et de la culture.
La protection des passagers aériens dans le fonds n’est pas qu’une affaire de gros sous et de nouvel aéroport séduisant mais bien aussi de concevoir que la qualité sortant de la concurrence régionale puisse être un « plus » pour tout le monde dans un monde un peu mieux organisé avec des intérêts partagés et complémentaires. Des touristes, avertis, informés, et qui repartent enrichis ? Rien de mieux sur le papier et donc c’est dans l’air…
Et dans cet univers sino-khmer, soulignons qu’une société française, fondée à Marseille et devenue franco-khmère il y a 33 ans à Phnom Penh, nommée « LBL International », bien connue dans la reconstruction de la capitale, a été choisie par le Groupement en charge de la construction du nouvel aéroport TECHO, pour en assurer… tout le design ! Avec la préoccupation du « durable », ce qui en ferait le plus ‘VERT » de toute la région et une attraction en soi.
Une raison de plus d’aller dès septembre le vérifier et l’admirer.