Les fabricants thaïlandais de pièces automobiles anticipent une période difficile face à la hausse des droits de douane imposés par les États-Unis et aux incertitudes liées aux prix mondiaux de l’acier. Ces deux facteurs pourraient fragiliser l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement automobile du royaume.
Réunis avec le Club de l’industrie des pièces automobiles de la Fédération des industries thaïlandaises (FTI), les industriels ont tiré la sonnette d’alarme : les droits de douane américains et les tensions sur le marché de l’acier menacent directement leur compétitivité à l’international.
Le 2 avril, le président américain Donald Trump a instauré un droit de douane de 25 % sur les véhicules fabriqués à l’étranger. Le 3 mai, il a étendu cette mesure à des composants clés : moteurs, transmissions et autres pièces essentielles. Les exportateurs thaïlandais, qui fournissent directement le marché américain mais aussi d’autres pays assembleurs, subissent de plein fouet cette politique commerciale.
En 2024, les exportations thaïlandaises de véhicules, pièces détachées et accessoires à destination des États-Unis ont atteint 1,89 milliard de dollars, selon les douanes et le ministère du Commerce. Sur les cinq premiers mois de 2025, cette valeur s’élève déjà à 766 millions de dollars. La FTI rappelle que même les ventes indirectes — via d’autres pays qui assemblent puis exportent vers les États-Unis — subissent les effets de cette taxe de 25 %.
Le 7 juillet, Washington a adressé à la Thaïlande une notification annonçant l’entrée en vigueur, à partir du 1er août, d’un droit de douane réciproque de 36 % sur les importations thaïlandaises. Ce taux s’ajoute à d’éventuelles mesures ciblées par secteur, dont l’automobile.
La FTI estime que cette pression tarifaire risque de déstabiliser davantage un marché intérieur déjà fragile. Près de 90 % des pièces produites localement alimentent l’assemblage de pick-up, un segment en baisse constante.
Les incertitudes ne s’arrêtent pas là. L’acquisition, finalisée en juin, de US Steel par le japonais Nippon Steel pour 14,9 milliards de dollars suscite des inquiétudes sur une possible hausse des prix mondiaux de l’acier. Si les coûts augmentent, les assembleurs pourraient ralentir leur production, impactant l’ensemble des sous-traitants.
Le secteur thaïlandais des pièces automobiles, qui joue un rôle clé dans l’économie industrielle du pays, se prépare ainsi à faire face à une double pression : commerciale et structurelle.
Chaque semaine, recevez Gavroche Hebdo. Inscrivez vous en cliquant ici.