L’écrivain-baroudeur et spécialiste des guérillas Gérard Chaliand est décédé le 20 août à 91 ans. Il avait, au long de sa carrière passée aux côtés des combattants et des insurrections, raconté plusieurs guerres asiatiques, dont celle du Vietnam.
« Que choisir dans un destin aussi immense ? Écrivain voyageur, poète, aventurier, spécialiste des guerres et de la géostratégie », énumère sa première nécrologie, comme des titres de noblesse à rallonge pour un Grand du royaume de l’esprit. Le public le connaissait pour ses commentaires avisés sur l’actualité internationale ; les experts le citaient pour ses recherches sur les conflits « irréguliers », les rébellions, le terrorisme et la contre-insurrection ; les littéraires encensaient son recueil de vers libres », écrit Le Point. Juste. Mais Chaliand, qui enseigna à Singapour, était bien plus que cela : à la fois explorateur, anthropologue, historien, professeur et mentor, épicurien, et surtout compagnon de route de grandes causes.
Après un passage en Algérie à la veille de sa guerre d’indépendance, en 1952, puis un cursus aux Langues O’, Chaliand rejoint sa première guérilla en Guinée-Bissau aux côtés du révolutionnaire Amílcar Cabral au milieu des années 1960. Il étudie ensuite les paysans du Nord-Vietnam mettant à genoux le titan américain, et découvre, années après années, la Colombie, la Palestine, Israël, l’Érythrée, l’Afghanistan, le Salvador, le Pérou, le Nagorno-Karabakh, la Birmanie… Il en tire une science proprement expérimentale des mouvements de résistance qui ont marqué la géopolitique de la deuxième moitié du XXe siècle.
Son but, selon son premier essai sur le Vietnam en guerre, était d’investiguer « les raisons de l’exceptionnelle capacité de résistance du peuple ». Pour lui, loin d’être motivées par l’idéologie ou le parti seuls, comme le théorise le marxisme-léninisme alors dominant, ces insurrections puisent leur force dans la volonté et la participation active des masses pour changer leur vie.
Gérard Chaliand n’aimait guère le monde de 2025. Il avait gardé en lui l’Asie combattante pour son destin, engagée dans la lutte contre un Occident longtemps méprisant de sa force et de ses ressources. Un samouraï féru de Confucius comme de Sun Tzu !
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