
Une chronique siamoise et sociétale de Patrick Chesneau
Et revoilà, à Bangkok, la tâche harassante et fastidieuse des employés municipaux au sortir de la fête de l’eau et des lumières.
Au total, plusieurs services de nettoyage de la puissante Bangkok Metropolitan Administration (BMA) mobilisent leurs équipes dans la foulée de Loy Krathong. À leur charge, la récupération des milliers, des dizaines de milliers, sinon plus, de krathong, ces petits radeaux végétaux offerts à la déesse de l’eau. Par concentrations compactes, ils se retrouvent livrés à eux-mêmes, abandonnés par leurs propriétaires momentanés. Instruments zélés d’hommage et de dévotion, on les retrouve englués, muets, contents tout de même d’avoir si bien servi, l’espace d’un soir émerveillé, les aspirations au bonheur des foules recueillies.
Ils sont là, dans une saisissante promiscuité, frottant les uns contre les autres les pétales rescapés de leurs fleurs froissées. Quant aux bougies, elles ont fait long feu. Pour ce qui les concerne, les bâtonnets d’encens ont été consumés jusqu’à la dernière fibre, devenus une poudre au parfum entêtant qui flotte encore dans un air saturé de joie… et de foi en l’avenir.
Dans la ville qui ne dort jamais, les abords du fleuve Chao Phraya, les lacs – singulièrement dans les parcs Lumpini et Benjakitti – ainsi que les klong avaient été pris d’assaut. Puis envahis. Littéralement encombrés. Gigantesques thromboses aquatiques.
Il faut maintenant épurer. L’opération de ramassage peut durer deux jours pleins.
Fort heureusement, la plupart des petites embarcations confectionnées en feuilles de bananier sont biodégradables. Pour cette édition 2568, millésime 2025 du calendrier farang, il semble que le volume à collecter soit moindre que l’année précédente, malgré une fréquentation tout aussi élevée.
La fête fut magique. Toutes les étendues liquides doivent retrouver leur liberté de mouvement. Courants et petites vaguelettes sont leur panoplie ordinaire.
Patrick Chesneau
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