Ce lundi 17 novembre, le bureau du procureur général, dirigé par Ittiporn Kaewthip, a ordonné aux procureurs de faire appel de l’acquittement de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra dans son affaire de lèse-majesté.

Thaksin avait été inculpé en vertu de l’article 112 du code pénal pour des propos tenus en 2015 lors d’une interview au journal Chosun Ilbo à Séoul, jugés offensants envers la monarchie. Il y accusait les conseillers privés du roi d’avoir soutenu le coup d’État de 2014 qui avait renversé sa sœur, Yingluck Shinawatra, alors cheffe du gouvernement. En août dernier, le tribunal correctionnel avait rejeté les charges, estimant que ses déclarations ne portaient pas atteinte à l’institution royale.

Un comité d’examen des affaires de lèse-majesté a précédemment voté par 8 voix contre 2 contre l’appel, mais l’infraction présumée ayant eu lieu à l’étranger, il revenait au procureur général de suivre ou non cette recommandation. Le nouveau procureur général, Ittiporn Kaewthip, avait jusqu’au 22 novembre pour déposer un deuxième appel, l’ancien ne s’étant pas prononcé sur la question avant d’être à la retraite fin septembre. Cette nouvelle directive du procureur général annule donc cette recommandation et ordonne au parquet de poursuivre la procédure d’appel.

Une décision politique dans le contexte électoral à venir ?

L’affaire intervient dans un contexte électoral tendu, avec les élections générales prévues pour fin mars 2026. Chuwit Kamolvisit, lanceur d’alerte et ancien politicien surnommé le « roi des salons de massage à Bangkok », a accusé les autorités de retarder volontairement la libération de Thaksin, actuellement incarcéré. Selon lui, Thaksin, condamné à un an de prison, « serait normalement éligible à une libération conditionnelle spéciale après avoir purgé un tiers de sa peine (environ 4 mois), conformément aux procédures pour les détenus de plus de 70 ans », nécessitant l’examen d’un comité et l’approbation du ministre de la Justice.

En interjetant appel, le procureur général bloque de fait toute possibilité de libération anticipée, car les procédures judiciaires en cours rendent les détenus inéligibles. Chuwit a dénoncé « une manœuvre du pouvoir en place pour empêcher Thaksin de sortir avant les élections », visant notamment Anutin Charnvirakul et son parti Bumjaithai, et limitant l’influence politique de Thaksin dans la campagne à venir.

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