
La transition vers le véhicule électrique (VE) s’accélère en Thaïlande, portée par une demande en forte progression et par l’arrivée massive des constructeurs chinois. Mais malgré cette dynamique, plusieurs défis demeurent : guerre des prix, retard des infrastructures et évolution rapide des technologies.
La Chine, géant mondial du véhicule électrique
L’industrie mondiale du véhicule électrique est aujourd’hui dominée par la Chine. Grâce à une chaîne d’approvisionnement intégrée et à bas coûts, à la maîtrise des batteries et des matériaux critiques, ainsi qu’à un soutien constant de l’État, les constructeurs chinois disposent d’un avantage compétitif déterminant.
Cette puissance industrielle, combinée à un marché domestique immense, leur permet d’innover rapidement et de proposer des prix particulièrement compétitifs. Les constructeurs occidentaux, malgré un savoir-faire solide et une forte image de marque, peinent à suivre ce rythme. Les droits de douane américains et européens, ou encore les enquêtes anti-subventions, ne devraient pas suffire à freiner cette transformation mondiale.
Thaïlande : une adoption rapide mais encore limitée
Les ventes de véhicules 100 % électriques (BEV) en Thaïlande ont explosé en deux ans. Elles représentent désormais 29 % des ventes annuelles de voitures particulières, soit 87 000 unités sur les neuf premiers mois de 2025, dont plus de 90 % issues de marques chinoises.
Pourtant, les véhicules électriques ne comptent encore que pour 2 % du parc automobile thaïlandais, loin derrière la Chine (20 %). La principale inquiétude réside dans la guerre des prix déclenchée par la politique EV 3.5 du gouvernement, qui oblige les constructeurs à compenser les importations précédentes par une montée en production locale. Ce phénomène devrait se calmer après 2027.
Infrastructures : un risque d’obsolescence rapide
L’un des défis majeurs concerne les infrastructures de recharge. Les constructeurs chinois introduisent désormais la technologie de recharge 800 volts, proposée notamment par XPENG, ZEEKR, BYD ou AVATR. Or, l’essentiel des bornes thaïlandaises fonctionne encore en 400 volts.
Ce décalage pourrait réduire l’efficacité de la recharge des nouveaux modèles, générer des contraintes pour les utilisateurs et pousser la Thaïlande à moderniser rapidement son réseau.
Une autre voie d’investissement : Millennium Group Corporation
Face à la montée en puissance des constructeurs chinois, certains acteurs thaïlandais s’adaptent. Millennium Group Corporation (MGC), distributeur automobile majeur, apparaît aujourd’hui comme une exposition directe à la croissance du VE en Thaïlande, plus pertinente que celle des équipementiers locaux comme Somboon Advance Technology (SAT) ou Aapico Hitech (AH), fragilisés par la chaîne d’approvisionnement chinoise.
MGC, déjà distributeur de BMW, Rolls-Royce et Honda, a renforcé sa présence dans le segment électrique en devenant concessionnaire ZEEKR et distributeur exclusif d’XPENG, quatrième constructeur mondial de VE en capitalisation. En un an, les véhicules électriques représentent 56 % des ventes automobiles du groupe.
Observer la montée en puissance du VE en Thaïlande
La visite récente du centre de recherche et développement d’XPENG et du Salon automobile de Canton 2025, organisée pour les représentants de MGC, confirme les tendances : accélération technologique chinoise, transformation rapide des usages et défis persistants pour les acteurs thaïlandais.
La Thaïlande continue d’avancer dans sa transition électrique, mais devra rapidement renforcer ses infrastructures et accompagner les mutations du secteur pour rester compétitive dans cette nouvelle ère automobile.
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