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Sébastien Lecornu a oublié sa barbe, sa cape rouge et son traîneau. Il a surtout omis de remplir de cadeaux sa hotte pour le 25 décembre. Le Premier ministre français préfère garder son pull-over sous sa veste, façon étudiant sage des années 50. De toute façon, il n’a rien à offrir. Pas de budget de l’État voté pour 2026. Pas de nouvelles dépenses (pour l’instant). Le père Lecornu incarne la rigueur par défaut. Avec lui, la France n’avance pas, mais elle marche sans siffloter au bord du précipice. Sa République est tout, sauf un feu d’artifice du 31 décembre.
Sébastien Lecornu n’est donc pas le père Noël. Et c’est tant mieux. Avec lui à la tête du gouvernement depuis la mi-octobre, les Français commencent à s’habituer aux petits pas. C’est, à vrai dire, ce que François Bayrou avant lui avait tenté de faire, avant de se transformer en chevalier kamikaze de la dette publique et d’exploser en vol, contraint à la démission par un vote de défiance le 8 septembre. Lecornu, lui, prend l’Assemblée nationale comme elle est. Il malaxe. Il débauche. Il fait jouer ses réseaux. Il asticote les socialistes. Il est, en réalité, prêt à lâcher beaucoup. Mais il le fait avec parcimonie. De toute façon, à la fin, plus personne ne comptera les chèques qu’il a signés pour sauver la fin de la présidence Macron.
Lecornu est un mélange de Gargamel, le méchant des Schtroumpfs, et de Spirou, le gentil groom du Moustic Hotel de la bande dessinée. Il a toujours une méchanceté disponible pour se faire respecter, mais il sourit à tous. Il aimerait bien exécuter les socialistes en rase campagne, et faire payer à ses anciens amis de LR (droite) leur surenchère permanente. Mais il n’a pas d’armes suffisamment létales à disposition. Alors tant pis. Le Premier ministre français est le seul des rois mages qui n’apportera pas de cadeaux le 25 décembre. Il attendra à Matignon qu’on vienne le chercher. Il n’est pas conducteur du traîneau France, mais dépanneur. Ce père Noël-là n’est pas du tout une ordure. Mais il redoute, à juste titre, de se retrouver coincé en début d’année 2026 dans la cheminée de la crise politique.
Bonne lecture et Joyeux Noël (en version disco) !
(Pour débattre : richard.werly@ringier.ch)
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