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ASIE – GÉOPOLITIQUE : Peut-on parler de multilatéralisme asiatique ?

Date de publication : 23/12/2025
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Une chronique de Ioan Voicu, ancien ambassadeur de Roumanie en Thaïlande

 

En cette période de crise du système des Nations Unies, une question s’impose : quel est l’état du multilatéralisme régional ? Pour y répondre, cette analyse se concentre sur l’Asie, le plus grand continent de la planète.

 

Selon les Nations Unies, l’Asie compte 49 pays et, en 2025, sa population est estimée entre 4,8 et 5 milliards d’habitants, soit près de 60 % de la population mondiale. Ces chiffres confirment sa position de continent le plus peuplé.

 

Un manuel de référence pour analyser le multilatéralisme asiatique

 

L’analyse s’appuie sur le manuel universitaire le plus récent, International Organization, de Hylke Dijkstra, Andreas Kruck et Bernhard Zangl, publié par Bloomsbury Academic. La quatrième édition, parue le 13 novembre 2025, comprend 13 chapitres et 336 pages.

 

Cet ouvrage propose une analyse approfondie de la structure, du fonctionnement, des politiques et des performances des organisations internationales, y compris en Asie. Il recense environ 350 organisations intergouvernementales et offre aux étudiants un cadre théorique solide pour comprendre leur rôle face aux enjeux contemporains : sécurité, climat, commerce, migrations, droits humains et développement. Une bibliographie détaillée complète l’ensemble.

 

Les auteurs, tous universitaires reconnus dans le domaine de la gouvernance mondiale, enseignent respectivement à l’Université de Maastricht et à l’Université Ludwig Maximilian de Munich.

 

Contenu et portée de l’ouvrage

 

Le manuel est structuré en quatre parties :

 

  1. Théories et histoire des organisations internationales ;
  2. Élaboration des politiques ;
  3. Activités sectorielles (sécurité, commerce, environnement, migrations, coopération régionale) ;
  4. Conclusion sur l’avenir des organisations internationales.

 

Cette organisation permet une lecture progressive des dynamiques institutionnelles mondiales et régionales.

 

L’Asie sans organisation continentale

 

Malgré son poids démographique et géopolitique, l’Asie ne dispose pas d’une organisation régionale à l’échelle du continent. Le manuel souligne surtout le rôle central de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). La Charte de l’ASEAN de 2007 consacre une large place aux institutions et à leur fonctionnement, illustrant la diversité des modèles organisationnels régionaux.

 

L’ASEAN se caractérise notamment par une présidence tournante annuelle — assurée par la Malaisie en 2025 — et par des mécanismes de règlement des différends sans tribunal permanent.

 

La centralité de l’ASEAN

 

Le manuel mentionne également l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et les BRICS, mais consacre une analyse approfondie à l’ASEAN, composée de onze États membres depuis l’admission officielle du Timor-Leste le 26 octobre 2025.

 

La population totale de l’ASEAN avoisine 700 millions d’habitants, avec des pays très peuplés comme l’Indonésie, les Philippines et le Vietnam. Bien que certaines grandes puissances asiatiques n’en soient pas membres, l’ASEAN est considérée comme la principale organisation régionale du continent.

 

Des cercles concentriques de coopération régionale

 

L’ASEAN a favorisé l’émergence de cadres élargis de coopération, tels que l’ASEAN Plus Trois, le Sommet de l’Asie de l’Est et le Forum régional de l’ASEAN. Ces dispositifs ont permis de créer des cercles concentriques autour de l’organisation, associant grandes puissances asiatiques et acteurs extra-régionaux.

 

Grâce à ces mécanismes, les États membres ont instauré un dialogue institutionnalisé avec des partenaires majeurs tout en préservant leur autonomie collective.

 

De la sécurité à l’intégration économique

 

À sa création en 1967, dans le contexte de la Guerre froide et de la guerre du Vietnam, l’ASEAN privilégiait la stabilité régionale. La croissance économique et le bien-être étaient perçus comme des instruments de sécurité. Les crises régionales ultérieures ont conduit à l’adoption du Traité d’amitié et de coopération de 1976.

 

La « voie de l’ASEAN », fondée sur la non-intervention, la consultation et le consensus, a façonné durablement son fonctionnement.

 

Après la Guerre froide, l’ASEAN a renforcé son intégration économique, notamment avec la création de la zone de libre-échange (AFTA), l’élargissement de ses membres et l’adoption de la Charte de 2007, qui constitue son cadre constitutionnel.

 

Une institutionnalisation progressive

 

Malgré sa culture de l’informel, l’ASEAN s’est fortement institutionnalisée. Elle dispose aujourd’hui d’un Sommet, de conseils communautaires, d’organes ministériels sectoriels, d’un Comité des représentants permanents et d’un Secrétariat dirigé par un secrétaire général.

 

Le Secrétariat, basé à Jakarta, reste de taille modeste et joue surtout un rôle de coordination. Les décisions continuent d’être prises par consensus, privilégiant la concertation entre États plutôt que la délégation de pouvoirs.

 

Objectifs et perspectives de l’ASEAN

 

L’ASEAN vise à créer un marché et une base de production uniques, à réduire la pauvreté et à promouvoir le développement humain ainsi qu’une identité régionale partagée. Sa centralité et son dynamisme constituent des éléments clés du multilatéralisme asiatique.

 

Conclusion : un multilatéralisme asiatique porteur d’espoir, vraiment ?

 

La conclusion de cette chronique s’inspire des propos finaux du manuel analysé. Malgré les critiques adressées aux organisations internationales, celles-ci demeurent indispensables pour gérer la complexité des problèmes mondiaux. Le réseau dense d’organisations internationales, animé par des diplomates et des fonctionnaires engagés, reste un pilier de la gouvernance globale.

 

Dans cet esprit, cette chronique se veut résolument optimiste : elle anticipe une consolidation accrue des institutions asiatiques et une revitalisation durable de la diplomatie régionale.

 

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