La deuxième moitié de 2025 sera marquée par le rôle croissant de la politique budgétaire en Asie du Sud-Est, alors que les marges de manœuvre monétaires se réduisent. Pour décrypter ces tendances, cette analyse se penche en détail sur ce virage stratégique qui s’impose aux gouvernements de la région.
Le virage budgétaire à venir
Alors que les cycles d’assouplissement monétaire atteignent leurs limites et que l’impact des exportations s’atténue, la politique budgétaire devrait prendre le relais pour soutenir la croissance. Jusqu’à présent, les gouvernements d’Asie du Sud-Est ont surtout compté sur la faiblesse de l’inflation, des taux d’intérêt réels élevés et un dollar américain en repli pour mener des politiques monétaires accommodantes. Mais à mesure que ces leviers perdent de leur efficacité, la nécessité d’interventions budgétaires ciblées devient plus pressante.
Tendances pays par pays : une ASEAN à plusieurs vitesses
Indonésie : Les indicateurs de croissance s’améliorent, mais la consommation reste fragile. Les mesures de soutien budgétaire et monétaire sont en place, mais leur impact est encore limité.
Malaisie : L’économie tient bon, soutenue par les exportations. Le pays conserve une marge de manœuvre pour amortir un éventuel retournement commercial.
Singapour : Après deux assouplissements successifs, l’Autorité monétaire de Singapour (MAS) a fait une pause en juillet. Toutefois, les fondamentaux de croissance et d’inflation pourraient justifier de nouvelles actions dès le quatrième trimestre 2025.
Philippines : Une inflation modérée et une croissance irrégulière appellent à des mesures de soutien supplémentaires, dans un climat d’incertitude économique.
Thaïlande : Le pays reste le maillon faible de la région. Les indicateurs de juin montrent un essoufflement de la demande intérieure et du tourisme. Une nouvelle baisse des taux de la Banque de Thaïlande reste probable.
Vietnam : L’activité s’accélère, portée notamment par l’anticipation des exportations. Le tourisme se maintient à un niveau élevé, et l’inflation reste maîtrisée.
Des choix politiques à fort enjeu
Si le premier semestre 2025 a bénéficié d’un contexte favorable, le second s’annonce plus complexe. La réalité des déséquilibres extérieurs et des cycles économiques se rappelle aux décideurs. Les gouvernements devront trouver un juste équilibre entre prudence budgétaire et soutien à l’activité, dans une région où les trajectoires économiques sont très hétérogènes.
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