Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.
Politique, Diplomatie
Min Aung Hlaing, effectue cette semaine une visite en Chine. Il participera à deux événements majeurs : le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et le défilé du Jour de la Victoire, qui célèbre le 80e anniversaire de la défaite du Japon lors de la Seconde Guerre mondiale. Min Aung Hlaing devrait y rencontrer le président chinois Xi Jinping pour la deuxième fois.
L’Union Nationale Karen (KNU) a qualifié d’illégales les élections organisées par le régime militaire birman, dont la première phase est prévue le 28 décembre. Dans un communiqué, la KNU estime que ces élections ne permettent pas une participation pleine et entière de la population et ne font que prolonger la dictature. L’organisation appelle le peuple, les forces armées et les groupes politiques Karen à ne pas y participer et à y résister par des moyens non violents.
Le gouvernement thaïlandais a approuvé une mesure permettant aux réfugiés de Birmanie résidant dans neuf camps à Mae Hong Son, Tak, Kanchanaburi et Ratchaburi de travailler légalement en Thaïlande pendant un an. Deux décrets facilitent l’accès à tous les emplois, sauf ceux réservés aux ressortissants thaïlandais, et suppriment les frais de permis de travail. Le HCR a salué cette décision, qui contribue à combler la pénurie de main-d’œuvre et concerne particulièrement les réfugiés nés en Thaïlande, représentant 47 % des résidents des camps.
Depuis fin juillet, Min Aung Hlaing a parcouru sept villes et une ville principale à travers trois régions du pays, incluant Taungoo, Bago, Rangoun, Magwe, Minbu, Chauk, Yenangyaung et Aunglan. Ces localités font partie des 102 villes concernées par la première phase du scrutin prévu le 28 décembre. Lors de cette tournée, centrée sur l’élection, le chef de la junte a exhorté militaires et habitants à voter pour des candidats jugés « qualifiés » et « au service de l’intérêt national ».
Le ministre de l’Intérieur, le lieutenant-général Tun Tun Naung, a visité Nawnghkio, dans le nord de l’État Shan, dans le cadre des préparatifs de sécurité pour les élections de décembre et janvier. À la tête du « Comité central de supervision de la sécurité pendant les élections générales », il a exhorté la population à voter et à coopérer pour empêcher les « éléments illégaux » de perturber le scrutin. Cette visite suit celles du numéro deux du régime, Soe Win, et du chef du USDP, Khin Yi, et intervient après la récente reconquête stratégique de la ville face à la TNLA.
Le ministre de l’Industrie, Charlie Than, visé par des sanctions de l’UE, a tenu jeudi une réunion Zoom avec les dirigeants d’AREOPA, cabinet de conseil basé à Bruxelles, selon les médias d’État. Les discussions portaient sur le soutien au secteur des micro, petites et moyennes entreprises (MSME) en Birmanie, avec la mise en place de centres de renforcement des capacités et de mécanismes de financement pour promouvoir l’innovation et la technologie. Les sanctions européennes interdisent toute aide économique au régime ou à Charlie Than, laissant incertaine la nature exacte de l’assistance d’AREOPA.
Économie
La Birmanie a signé un contrat de six mois avec le cabinet de lobbying américain McKeon Group, du 1er août 2025 au 31 janvier 2026, pour 60 000 dollars par mois (360 000 dollars au total). L’objectif est de renforcer les liens diplomatiques avec le Congrès et le Département d’État. McKeon Group devient ainsi la deuxième firme américaine engagée par la junte cette année, après le DCI Group, embauché en juillet pour un contrat d’un an à 3 millions de dollars. Ces démarches s’inscrivent dans la tradition des juntes birmanes depuis 1991, cherchant à améliorer leur image à l’étranger alors que les démocraties occidentales, notamment les États-Unis, maintiennent de fortes sanctions depuis le coup d’État de 2021.
L’usine Twinkle, située dans la zone industrielle de Shwepyithar à Rangoun et employant plus de 200 personnes, a définitivement fermé ses portes après l’entrée en vigueur, le 1er août, d’un tarif américain de 40 % sur les importations birmanes. Spécialisée dans les sacs de voyage et vêtements pour des marques comme Samsonite et Callaway Golf, la direction a jugé la poursuite des activités économiquement impossible.
Le régime birman a intensifié le contrôle du commerce transfrontalier avec la Thaïlande et la Chine pour lutter contre la contrebande, affectant directement les commerçants. La fermeture du pont de l’amitié n°2 entre Mae Sot et Myawaddy a stoppé les importations, tandis que d’autres routes subissent des inspections renforcées. Les commerçants doivent désormais stocker leurs marchandises, doublant ainsi les frais de location.
Les ONG Justice for Myanmar (JFM) et ICJ Norway ont porté plainte contre Telenor et son ancienne direction pour violation des sanctions norvégiennes entre 2018 et 2022. Elles accusent le géant des télécommunications d’avoir installé et maintenu des équipements de surveillance pour un centre contrôlé par la junte birmane, ainsi que de transférer des données sensibles de ses clients, notamment via la technologie « Lawful Interception Gateway » (LIG). La plainte a été déposée auprès de la police norvégienne le 19 décembre 2024.
Société/Répression/Conflit
Le régime militaire birman a repris entièrement la mine d’or de Phayaung Taung, près de Mandalay, jusque-là partagée avec la Force de Défense du Peuple de Mandalay (MDY-PDF). L’offensive a mobilisé les troupes de la junte et les milices Pyu Saw Htee. Selon un ancien capitaine défecteur, le régime contrôle désormais toutes les installations, y compris les usines de la Myanmar Economic Corporation, entreprise militaire.
Malgré les pourparlers de paix à Kunming, l’armée birmane a intensifié ses offensives à Kyaukme, dans le nord de l’État Shan. Elle a repris le contrôle de Naungpein et progresse le long de l’autoroute nationale 2 vers la ville. Soutenue par des bombardements aériens et de l’artillerie, la junte a infligé de lourdes pertes à l’Armée de libération nationale Ta’ang (TNLA). La perte de Naungpein affaiblit la défense de Kyaukme, facilitant l’avancée du régime, qui a ouvert deux fronts pour reprendre Kyaukme et Mogoke, tombées sous contrôle de la TNLA lors de l’opération 1027.
L’Armée d’Arakan (AA) a indiqué qu’une frappe aérienne du régime birman a tué au moins 12 personnes, dont des enfants, et en a blessé 20 dans le quartier de Daing Kyi, à Mrauk-U. L’AA accuse la junte de cibler délibérément des civils et prévoit d’envoyer des preuves de ces crimes aux organisations internationales. Depuis novembre 2023, l’AA a repris 14 des 17 municipalités de l’État de Rakhine, ne laissant au régime que Sittwe, Manaung et Kyaukphyu, où se poursuivent les combats autour d’un projet stratégique soutenu par la Chine.
L’Armée pour l’indépendance Kachin (KIA) a pris le contrôle du 236e bataillon d’infanterie légère de la junte birmane à Bhamo, le 25 août 2025, après de violents combats la veille ayant fait au moins 50 morts parmi les soldats de la junte. L’offensive de la KIA, lancée en décembre 2024, a déjà permis de capturer 14 villes dans l’État Kachin. Les affrontements se poursuivent pour le contrôle des avant-postes, malgré l’arrivée de renforts du régime début août.
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