Home Accueil BIRMANIE EXPRESS – ACTUALITÉS : Que retenir de l’actualité birmane du 26 juin au 2 juillet ?

BIRMANIE EXPRESS – ACTUALITÉS : Que retenir de l’actualité birmane du 26 juin au 2 juillet ?

Date de publication : 03/07/2023
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décoration ambassadeur russe par la Birmanie

 

Gavroche a sélectionné pour vous quelques nouvelles saillantes en Birmanie durant cette semaine écoulée. Un survol de l’actualité indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à ce pays d’Asie du Sud-Est.

 

Politique, Diplomatie

 

Le gouvernement civil d’unité nationale birmane (opposition à la junte militaire) a nommé le militant rohingya U Aung Kyaw Moe au poste de ministre adjoint des droits de l’homme. U Aung Kyaw Moe a été conseiller en matière de droits de l’homme auprès du ministère pendant près de deux ans. La nomination d’un Rohingya à un poste de haut niveau a été saluée en ligne comme une avancée significative vers l’égalité pour les minorités religieuses et les Rohingyas en particulier. Ro Nay San Lwin, cofondateur de la Free Rohingya Coalition, a publié sur Facebook un message faisant l’éloge de cette nomination et appelant à de nouvelles mesures d’intégration. Le Dr Sa Sa, ministre de la coopération internationale du NUG, a déclaré que cette nomination lui procurait une “immense joie”. Le ministère civil a déclaré que U Aung Kyaw Moe est un défenseur des droits de l’homme, de la paix et de l’action humanitaire qui a plus de 15 ans d’expérience au sein de diverses agences des Nations unies et ONG en Birmanie, en Thaïlande, en Afghanistan et au Libéria. Il a reçu le prix des droits de l’homme du gouvernement français et quatre autres prix internationaux, dont le prix Schuman de l’Union européenne en 2019 pour ses activités en faveur de la paix et des droits de l’homme.

 

Le chef de la junte birmane, Min Aung Hlaing, a décerné le titre de Wunna Kyawhtin à l’ambassadeur sortant de Russie, Nikolay Listopadov, “pour son action remarquable en faveur de la coopération amicale entre la Birmanie et la Russie”, selon les médias de la junte. L’ambassadeur russe est le quatrième ressortissant russe à recevoir un titre honorifique de la part du chef du coup d’État, qui a dévalorisé le système de distinctions honorifiques du pays en faisant des milliers de chevaliers depuis 2022. L’année dernière, Min Aung Hlaing a décerné au ministre russe de la défense, Sergey Shoigu, le titre de Sithu, et à son adjoint, Alexander Fomin, celui de Thiri Pyanchi. Les deux chefs de la défense ont été au cœur de la coopération militaire entre la Birmanie et la Russie et ont publiquement soutenu le coup d’État. La junte a également remis à Alexander Ostrovsky, du Service fédéral de coopération militaro-technique de Russie, une médaille d'”excellente performance administrative”.

 

Les dirigeants militaires de la Birmanie ont tenu cette semaine des pourparlers de paix avec cinq groupes armés ethniques dans la capitale Naypyidaw, mais les réunions n’ont abouti à aucun accord et plusieurs analystes ont critiqué les pourparlers comme une tentative de la junte de tromper la communauté internationale. L’ASEAN a exhorté à plusieurs reprises la junte à trouver une solution pacifique à la crise qui a éclaté après que l’armée a renversé un gouvernement élu le 1er février 2021. La junte a annoncé que la stabilité régionale, l’aide humanitaire et une proposition d’amendement de la constitution de 2008 ont été discutées lors de la réunion du 26 au 28 juin. Mais l’analyste politique Than Soe Naing a déclaré que l’objectif principal de la réunion de trois jours était d’obtenir une sorte d’avantage politique ou de stabilité territoriale – pas la paix. Le Parti de libération de l’Arakan (ALP), la Ligue de libération nationale Pao (PNLO), l’Union démocratique Lahu (LDU), l’Armée démocratique bouddhiste karen (DKBA) et l’Armée de libération nationale karen-Conseil pour la paix (KNLA-PC) ont rencontré une délégation conduite par un lieutenant-général Yar Pyae, membre du conseil militaire. Bien que les groupes aient eu l’intention de tenir une discussion inclusive cette semaine, il n’y a pas eu de vrais résultats, a déclaré le colonel Saw Kyaw Nyunt, secrétaire général du KNLA-PC.

 

Économie

 

La Banque mondiale, dans son dernier rapport sur la Birmanie (MEM – Myanmar Economic Monitor June 2023 – “A Fragile Recovery”), maintient sa prévision de croissance du PIB à +3%  pour l’année fiscale 2022/23 (oct 2022 – sept 2023), témoignant d’une reprise économique modeste mais continue depuis deux  ans (+3% en 2021/2022), après une très forte contraction en 2020/2021 (-18%).  En dépit d’une certaine stabilisation des conditions macroéconomiques au cours du premier semestre 2023, l’environnement des affaires demeure difficile et très contraignant. Les entreprises restent confrontées  à d’énormes difficultés opérationnelles telles que l’accès aux devises étrangères, l’obtention des licences d’exportation et d’importation (notamment des matières premières) et des contraintes logistiques (en particulier les pénuries d’électricité qui continuent d’handicaper fortement le secteur manufacturier). Par ailleurs, en raison du conflit et des difficultés économiques engendrées, la moitié des ménages birmans a vu ses revenus diminuer depuis un an, aggravant le risque d’insécurité alimentaire. Le taux inflation, bien qu’en baisse du fait de la moindre hausse des prix internationaux des matières premières, reste élevé (attendu à +14% en 2022/23 après + 18% l’année dernière) tandis que le déficit courant devrait continuer de se creuser (-5,9% du fait de la baisse des exportations), de même que le déficit budgétaire (-5,4% en raison de la chute des recettes). L’endettement public devrait atteindre 63,1% du PIB contre 39% en 2018/2019.

 

Après avoir été active pendant plus de 25 ans en Birmanie, l’institution de microfinance américaine Pact Global Microfinance Fund-PGMF, la plus importante en Birmanie, a annoncé sa fermeture en raison des exigences drastiques du gouvernement en matière de réglementation financière, rendant impossible ses activités de prêt sur le territoire birman. Le départ de l’ONG s’accompagne de l’effacement de plus de 156 M USD de dettes auprès de 890 000 emprunteurs.

 

La banque centrale contrôlée par la junte jette les bases pour permettre l’utilisation des cartes Mir russes en Birmanie d’ici décembre, selon l’agence de presse publique russe RIA. L’agence cite le gouverneur de la Banque centrale birmane (CBM), Than Than Swe, qui a déclaré que les cartes pourraient être utilisées en Birmanie dans les six mois, une fois que les problèmes techniques auront été résolus et que la certification mutuelle pour la connexion des systèmes de paiement nationaux, en particulier pour les transactions transfrontalières, sera achevée. Les responsables de la junte ont annoncé leur intention d’utiliser les cartes russes en août de l’année dernière, alors qu’ils étaient confrontés à des sanctions financières croissantes et à la diminution de leurs réserves en devises, en particulier en dollars américains. Mir, qui signifie “Paix”, est un système de paiement par carte pour les transferts de fonds électroniques mis en place par la Banque centrale de Russie en 2017, à la suite des sanctions. La carte Mir est gérée par le système national russe de paiement par carte.

 

Les commerçants à la frontière entre la Birmanie et la Chine souligne les difficultés lié à un nouveau système de paiement par banque annoncé la semaine dernière. Il restreindra considérablement leur capacité à importer des marchandises. Le 23 juin, le ministère du Commerce birman a annoncé que les importateurs à la frontière nord-est de la Birmanie avec la Chine devront payer les marchandises en utilisant leurs comptes bancaires locaux à partir du 1er août. Ceux qui ont obtenu une licence bénéficieront d’un délai de grâce d’un mois et devront terminer leurs importations avant le 31 août, sinon leur licence sera invalidée, selon l’annonce. Cette décision intervient quelques jours après que le département du Trésor américain a imposé de nouvelles sanctions à deux banques birmanes contrôlées par la junte dans le cadre des achats d’armes par l’armée birmane auprès de vendeurs étrangers, dans le but de restreindre les transactions en devises étrangères.

 

Société/Répression/Conflit

 

Les troupes de la junte birmane ont fait irruption le 29 juin lors d’une célébration de l’Aïd dans un quartier musulman de la région de Rangoun et ont saisi plus de 100 animaux qui étaient censé être sacrifiés. La communauté musulmane du canton de Thingangyun avait rassemblé le bétail en prévision de l’Aïd al-Adha, la fête du sacrifice. Environ une heure après le début des sacrifices, le 29 juin, plus de 10 policiers de la junte, des troupes et du personnel administratif sont arrivés et ont interrompu la cérémonie. La communauté a déclaré que 22 bovins – dont les sept qui avaient été tués – et 100 chèvres, qui devaient être sacrifiés, ont été saisis. Les fidèles se sont dispersés pour éviter d’être arrêtés. Les fidèles avaient depuis longtemps collecté de l’argent pour l’Aïd, le bétail étant évalué à plus de 100 000 dollars. Le bétail aurait été emmené à l’abattoir de Ywar Thar Gyi, dans le canton de Dagon Est.

 

Après avoir joué la carte de la religion sans parvenir à gagner le soutien de l’opinion publique dans un pays à majorité bouddhiste, le régime militaire birman espère que la carte du nationalisme fera l’affaire. La junte appelle les citoyens birmans à faire pression pour obtenir la restitution des bijoux royaux et d’autres objets du patrimoine emportés de Birmanie par les dirigeants coloniaux britanniques. La même astuce a été utilisée par les dictateurs militaires précédents, dissimulée sous les mots doux d'”authentique esprit patriotique” et de “ferveur nationaliste”. En 1964-1965, le gouvernement britannique a restitué plus de 140 bijoux royaux et autres objets pillés par les colonisateurs britanniques dans le palais de Mandalay du roi Thibaw après leur annexion de la Haute-Birmanie en 1885. Ces objets ont été rapatriés à la demande du premier dictateur militaire birman, le général Ne Win, qui effectuait alors une visite de deux mois à Londres. L’actuel chef de la junte, Min Aung Hlaing, suit maintenant ses traces en publiant des articles dans les journaux de propagande de la junte les 27 et 28 juin, exigeant le retour d’autres objets royaux birmans en provenance de Grande-Bretagne.

 

Le 12 juin 2023, le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDI) a dépassé 1,8 million dans la Birmanie ravagé par la guerre, selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Avant le coup d’État militaire de février 2021, le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays était estimé à 328 000. Elles se trouvaient dans les États de Kachin, Rakhine, Karen, Shan et Chin. Entre février 2021 et juin 2023, 1,5 million de personnes supplémentaires dans sept États et quatre régions ont été déplacées par la guerre civile. Elles représentent 82 % des plus de 1,8 million de personnes déplacées à l’intérieur de la Birmanie. La région de Sagaing compte le plus grand nombre de personnes déplacées. Le HCR rapporte que 41 % (765 200) des 1,8 million de personnes déplacées en Birmanie sont originaires de la région de Sagaing.

 

Les amis de la Birmanie ont afflué à Naypyitaw le 29 juin lorsque le chef de la junte Min Aung Hlaing a lancé un appel aux dons pour une statue colossale présentée comme l’image de Bouddha assis en marbre la plus haute du monde. Selon un communiqué de la junte, 101 donateurs au total ont versé 16,177 milliards de kyats (7,6 millions d’euros environ). La liste des invités à l’événement était dominée par des amis, grands et petits. Parmi les personnalités présentes figuraient le fondateur de la CB Bank U Khin Maung Aye, le président du Max Myanmar Group of Companies U Zaw Zaw, U Tun Myint Naing d’Asia World, U Zaw Win Shein d’Ayeyar Hinthar Holdings, le fondateur de Yuzana Co U Htay Myint, le fondateur de Dagon Company U Win Aung, et le propriétaire de Shwe Thanlwin Co U Kyaw Win. Étaient également présents Kyaw Ne Win, petit-fils du dictateur Ne Win et propriétaire de Omni Focus Co ; Nay Aung et Pyi Aung, propriétaires de la banque UAB et fils du ministre Aung Thaung du régime Than Shwe ; et U Shwe Kyaing, propriétaire de Wah Wah Win Co.Le principal donateur a été U Khin Maung Aye, avec plus de 2,2 milliards de kyats, suivi par les fils d’Aung Thaung, dont le chef de la marine birmane, Moe Aung (plus de 512 millions de kyats), U Tun Myint Naing (500 millions de kyats) et U Zaw Zaw (297 millions de kyats).

 

Un tribunal contrôlé par la junte a condamné le 28 juin l’ancien éditeur de The Irrawaddy à cinq ans de prison pour sédition. Il s’agit de la dernière mesure prise par le régime pour réprimer les médias indépendants birman, qui dénoncent les atrocités commises par le régime depuis le coup d’État de 2021.U Thaung Win a été arrêté à son domicile de Rangoun le 29 septembre de l’année dernière et accusé d’avoir violé la loi sur la publication et la distribution en rapportant des informations qui “ont eu un impact négatif sur la sécurité nationale, l’État de droit et la paix publique”. Il est détenu à la prison d’Insein depuis son arrestation. Cependant, le tribunal du district de Rangoun Ouest l’a condamné à cinq ans de prison et à une amende de 100 000 kyats (environ 47 dollars) en vertu de l’article 124-A du code pénal, qui traite du crime de sédition. Le tribunal a également émis des mandats d’arrêt à l’encontre de trois autres rédacteurs en chef de The Irrawaddy.

 

Après que sa vidéo soit devenue virale, Thae Su, la gymnaste a obtenu un poste d’entraîneur par le ministère des Sports du régime du Myanmar et est maintenant mannequin pour des publicités télévisées. La gymnaste originaire de Rangoun qui avait été placée sous surveillance par la junte de Birmanie après avoir été présentée par Radio Free Asia a obtenu un poste d’entraîneur par le ministère des Sports du régime et est maintenant mannequin pour des publicités télévisées. Le reportage du 13 juin sur Thae Su, âgée de 21 ans, comprenait des images de sa gymnastique acrobatique et décrivait également la situation financière difficile de sa famille. La vidéo sur la page Facebook du média Radio Free Asia a attiré plus de 6 millions de vues au cours des premières 24 heures et a attiré l’attention des médias locaux, des hommes d’affaires et des Birmans du monde entier. La vidéo a depuis atteint plus de 8 millions de vues.

 

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