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BIRMANIE – TÉMOIGNAGE: Pour Gavroche, un observateur juge la situation birmane

Date de publication : 02/02/2021
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L’analyste François Guilbert est un habitué des colonnes de Gavroche. Nous publions régulièrement ses analyses sur la Birmanie et d’autres sujets régionaux. Il était ces dernières heures en contact avec de nombreuses personnes installées à Yangon. Voici son témoignage.

 

Quelle était la situation ce lundi à Yangon ?
La situation est calme. Un couvre-feu a été établi de 8h du soir à 5h du matin. Les habitants ont fait des achats de précaution notamment de produits alimentaires (ex. riz). A 18h, de nombreux magasins ont baissé leurs rideaux. Les coupures des réseaux télécommunications et des accès à Internet en début de journée ont fait obstacles aux transactions bancaires. Il n’était plus possible de retirer de l’argent aux distributeurs notamment ; une contrainte pour de nombreux ménages habitués à prendre de l’argent liquide le premier de chaque mois aux versements. Les banques devraient rouvrir mardi 2 février.

 

En termes de sécurité, il n’y a pas de moyens militaires déployés dans les rues de la ville. On sortait et rentrait dans l’agglomération ce jour sans obstacle.

 

La France avait réagi vendredi, tout semblait donc programmé ?
Depuis le début de la semaine dernière, les exigences de l’armée se sont faites chaque jour plus fortes. Les discussions pour trouver un compromis n’ont pas abouti. L’armée ne soulevait aucun problème relevant de sa compétence mais se posait en arbitre des élections. Elle remettait en cause les prérogatives constitutionnelles de la Commission électorale nationale et exigeait un nouveau décompte des votes avec les siens. En outre, elle a demandé par deux fois une réunion du Conseil de sécurité nationale ou de défense où elle a statutairement la majorité des membres, ce qui serait revenu à lui confier de facto si ce n’est de jure le pouvoir.

 

Le coup de force est intervenu après la fin de la législature 2016 – 2020 et quelques heures avant que la nouvelle assemblée ne s’installe. Comme en 1990, l’armée refuse de reconnaître le choix souverain des électeurs. Elle impose ses vues sans égard pour les citoyens et les organisations de la société civile qui ont reconnu la validité du scrutin.

 

Est ce la fin de la transition vers un pouvoir civil ?
Le commandant-en-chef des services de la Défense à qui les pleins pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires ont été donné, fait savoir qu’il les exercera pendant un an. Pendant cette période, la Commission électorale de l’Union sera réformée et les listes électorales revues. A l’issu de ce processus, il est annoncé que le pouvoir sera confié au vainqueur de nouvelles élections générales multi-partis. Les efforts de ces dernières heures du général Min Aung Hlaing est de montrer qu’il inscrit la trajectoire de son pays dans l’ordre constitutionnel de 2008. Ce soir, la chaîne d’information de l’armée a fait connaître la première esquisse du gouvernement. 11 ministres ont été nommés. Parmi les ministres figurent de nombreux civils mais également à plusieurs postes clés (ex. Affaires étrangères, Plan – Finances – Industrie) d’ex-ministres du gouvernement du général Thein Sein qui dut céder le pouvoir à la Ligue nationale pour la démocratie et Aung San Suu Kyi il y a tout juste 5 ans.

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