Vu de Phnom Penh, les Thaïlandais viennent d’enclencher une guerre, raconte notre correspondant Yann Moreels.

Ce jeudi 24 juillet à huit heures du matin, le feu a retenti sur la frontière khmère-thaïe. Pourquoi ?

C’est, selon les Cambodgiens, un jeu politique et militaire stupide qui vient de s’enclencher. Pour Phnom Penh, les Thaïlandais l’ont voulu, car en rappelant dans la journée d’hier leur ambassadeur au Cambodge, puis en expulsant l’ambassadeur cambodgien à Bangkok, ils déclaraient en quelque sorte la guerre à leur voisin par rupture unilatérale des relations diplomatiques.

Pourquoi ? La réponse se trouve dans le preneur de décision : celle de franchir un pas en avant dans les hostilités, chauffant sur la frontière fermée maintenant depuis plusieurs semaines. Qui dirige actuellement en Thaïlande ? Qui a chassé la Première ministre, qui faisait preuve certes de maladresse et de naïveté, mais se montrait diplomate et pacifiste ! Difficile d’évaluer le gain d’une telle décision pour les différentes parties en conflit intérieur pour le partage du pouvoir à Bangkok. La seule chose certaine est que la décision est militaire.

Cette situation est incompréhensible vue du Cambodge.

Phnom Penh a alerté la communauté internationale pour résoudre un problème frontalier que le Siam traîne depuis des décennies, avec force et instinct de supériorité.

Voilà maintenant que les armées vont en découdre, une fois de plus, comme au Moyen Âge. Il y aura des morts des deux côtés et rien ne sera réglé quand le feu s’arrêtera. Des semaines ou des mois. Voire des années, avant de retrouver la même situation aux pieds des temples, qui, n’en doutons pas, seront bientôt visés ou détruits par les canons siamois. Guerre entre voisins et amis, qui détruisent leur image touristique et négligent l’économie des deux côtés avec des peuples qui souffrent.

Les hommes sont stupides, et quand les militaires dirigent, ils sont, ou redeviennent, “primaires”. Personne ne va gagner cette guerre, c’est la seule certitude de ce matin de “feu”, pour les Khmers médusés par ce mécanisme enclenché.

À Phnom Penh, on attend qu’une voix s’élève pour arrêter cela tout de suite. Mais on ignore complètement dans quelle langue elle pourrait s’exprimer.

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