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CAMBODGE – ENVIRONNEMENT: La lente agonie du lac Tonle Sap

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 22/08/2020
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Le magazine National Geographic lui consacre, dans sa version française, un long article richement illustré dont nous vous recommandons la lecture: le plus grand lac du Cambodge, le Tonlé Sap, est en train de se dessécher, menaçant forêts et poissons. Les ressources halieutiques, principales sources de protéines du pays, sont menacées.

 

Nous diffusons ici des extraits d’un reportage publié par National Geographic

 

L’ancien soldat Hun Sotharith se souvient très bien du moment où il s’est installé au bord du Tonlé Sap au Cambodge. C’était au début des années 1990. Il voulait devenir pêcheur. La forêt marécageuse d’eau douce qui entourait le lac était si dense que Sotharith mettait parfois un jour et demi pour retrouver le chemin du village.

 

À l’époque, pendant la saison des pluies qui durait six mois, ce milieu humide devenait un lieu d’alimentation et de reproduction pour une grande variété de poissons, y compris le Pangasianodon gigas, une espèce menacée d’extinction. « Partout, on voyait la forêt. Partout, l’eau était riche en poissons », dit Sotharith.

 

Un incendie a ravagé 80 % de la forêt inondée

 

De ce monde aquatique boisé, il ne reste que des vestiges à Koh Chivang, une région composée de cinq villages au nord-ouest du lac. Sotharith en est le chef adjoint. En 2016, au cours de la saison sèche, un incendie a ravagé 80 % de la forêt inondée, détruisant les habitats des poissons et poussant une grande partie des 13 000 habitants vivant dans des maisons flottantes à abandonner la pêche. Ils cultivent maintenant du piment, entre autres.

 

Le Tonlé Sap, le plus grand lac d’Asie du Sud-Est et l’une des réserves de ressources halieutiques les plus riches du monde, connaît à peu près le même sort. Des terres agricoles ternes, sèches et dépourvues d’arbres s’étendent désormais à perte de vue. Les incendies, souvent provoqués intentionnellement pour défricher les terres, ont réduit encore plus l’étendue de la forêt.

 

La survie de Tonlé Sap est menacée

 

Nombre d’écologistes tirent la sonnette d’alarme : la survie du Tonlé Sap, qui fait partie des réserves de biosphère de l’Unesco, est menacée. La déforestation et la dégradation de l’environnement pourraient avoir des conséquences économiques dramatiques sur le million de Cambodgiens qui habitent aux alentours du lac et les millions d’autres qui dépendent de la région pour se nourrir, le poisson étant la principale source de protéines du pays.

 

Bien que d’autres régions comme Prey Lang – une réserve naturelle au centre du Cambodge et l’une des dernières forêts sempervirentes de l’Asie du Sud-Est –, aient connu une déforestation importante en raison de l’exploitation illégale soutenue par la corruption du gouvernement, Tonlé Sap reste la région la plus touchée. Selon une étude publiée récemment dans la revue Water, la perte de couvert forestier est évaluée à 31 % depuis 1993.

 

D’autres études montrent que les forêts inondées absorbent plus de carbone que les forêts sèches et pourraient donc atténuer l’incidence du changement climatique en stockant de grandes quantités de dioxyde de carbone contenues dans l’atmosphère.

 

Rôle primordial dans la santé du système aquatique

 

« C’est inquiétant parce qu’il y a très peu de forêts inondées au Cambodge et celles-ci jouent un rôle primordial dans la santé du système aquatique », affirme Sapana Lohani, auteure principale de l’étude publiée dans Water et spécialiste de l’environnement qui participe à Wonders of the Mekong, un projet de recherche financé par l’USAID.

 

Selon Zeb Hogan, ichtyologue à l’université du Nevada à Reno et explorateur National Geographic qui dirige le projet de l’USAID, « on assiste à la destruction d’un écosystème unique : perte tragique de la faune, de la pêche et des moyens de subsistance d’un très grand nombre de personnes. »

 

Le système aquatique tout entier se tarit. Depuis l’année dernière, le niveau d’eau du bassin inférieur du Mékong a largement diminué, résultat de la sécheresse et de l’eau retenue par les barrages hydroélectriques construits par les Chinois. Cette année, les impulsions d’eau n’ont pas alimenté le lac. Le niveau d’eau de Tonlé Sap est plus bas que l’année dernière, selon la seule station supervisée par la commission du Mékong.

 

Remerciements à Jean-Michel Gallet

 

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