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CAMBODGE – POLITIQUE : Pour Sam Rainsy, le calvaire d’Alexeï Navalny parle aux Cambodgiens

Date de publication : 29/02/2024
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Sam Rainsy

 

Nous reproduisons ici un appel du leader cambodgien de l’opposition en exil Sam Rainsy.

 

La mort d’Alexei Navalny en Russie rappelle les risques constants auxquels sont confrontés les prisonniers politiques et les dissidents cambodgiens qui ont survécu à des tentatives d’assassinat et à d’autres agressions physiques.

 

Navalny, le plus grand critique de la dictature brutale de Vladimir Poutine, est mort dans une prison de l’Arctique où il purgeait des peines d’emprisonnement totalisant 29 ans. Il n’avait que 47 ans, et sa famille et ses partisans sont convaincus qu’il a été tué sur ordre de Poutine.

 

La mort de Navalny montre l’importance d’une position internationale plus cohérente sur les prisonniers politiques dans les régimes dictatoriaux. Attendre et espérer le meilleur ne sert à rien.

 

Selon Human Rights Watch, le Cambodge compte actuellement plus de 60 prisonniers politiques. Parmi eux figure Kem Sokha, le chef du Parti du sauvetage national du Cambodge, parti d’opposition, lorsqu’il a été dissous en 2017 par la Cour suprême du pays, contrôlée politiquement.

 

Kem Sokha a été condamné l’année dernière à 27 ans de prison sur la base d’une accusation bidon de trahison pour laquelle aucune preuve claire n’a jamais été produite. Il est actuellement confiné à son domicile et n’a accès à personne, à l’exception des membres de sa famille proche. Il ne peut même pas voir ses propres avocats ou recevoir un traitement médical sans autorisation officielle.

 

Theary Seng, avocate et militante des droits de l’homme qui possède la nationalité américaine et cambodgienne, est une autre prisonnière très médiatisée. Elle a fait plusieurs fois la grève de la faim depuis qu’elle a été emprisonnée à l’issue d’un procès de masse des détracteurs du régime en juin 2022. Le régime reste responsable de sa sécurité et de celle de tous ses autres prisonniers politiques.

 

Vladimir Poutine, comme l’ancien Premier ministre Hun Sen et son fils et successeur Hun Manet, se contente de gouverner par la peur plutôt que de risquer de devoir rendre des comptes à la population dans les urnes. Mais la dictature de Hun au Cambodge est beaucoup plus faible que le régime de Poutine en Russie. Après avoir échoué à m’assassiner à plusieurs reprises, en commençant par un attentat à la grenade meurtrier en 1997, Hun Sen a préféré me maintenir en exil forcé à l’extérieur du pays plutôt que de prendre le risque de me laisser être jugé au Cambodge pour l’une ou l’autre des nombreuses accusations politiquement fabriquées que son régime a concoctées. Il a préféré me faire condamner par contumace à un total de près de cent ans de prison, en plus d’une peine d’emprisonnement à vie distincte.

 

En 2019, lorsque j’ai tenté pour la dernière fois de rentrer chez moi, Hun Sen a interdit à toute compagnie aérienne de me ramener au Cambodge. Il a même demandé à la Thaïlande de m’empêcher d’atterrir à Bangkok pour éviter que je n’entre au Cambodge par voie terrestre. Un tel événement aurait créé le genre de point de convergence de l’opposition que Hun Sen voulait à tout prix éviter.

 

Permettre au régime de Hun Sen de continuer à détenir ces prisonniers politiques, qu’il serait plus juste de considérer comme des otages, c’est créer une situation d’impunité.

 

Sam Rainsy.

 

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