Bernard Saugey, sénateur de l’Isère (Rhône-Alpes), est en Thaïlande du 20 au 23 avril avec une délégation sénatoriale représentant le groupe d’amitié France-Asie du Sud-Est. Avant sa venue, le président délégué pour la Thaïlande et questeur du Sénat a répondu à nos questions sur le rôle de ce groupe d’amitié et les raisons de cette visite alors que les relations diplomatiques entre le royaume et l’Union européenne ont été suspendues suite au coup d’Etat.
Gavroche : Quel est le but de votre visite ?
Bernard Saugey Les groupes d’amitié – il en existe 80 au Sénat – ont pour objet de développer des relations entre la France et les pays avec lesquels nous entretenons des relations officielles. Ils contribuent à renforcer la présence et l’influence politique, économique et culturelle de la France à l’étranger et à favoriser le développement de la coopération interparlementaire et de la coopération décentralisée. Ils permettent en pratique, comme leur nom l’indique, de développer l’amitié entre les pays.
Vous savez qu’en 2015 la France est particulièrement mobilisée pour l’organisation – et la réussite – de la Conférence Climat, la COP21, qui aura lieu à Paris en décembre prochain. Notre déplacement s’inscrit dans cette dynamique et la question du changement climatique sera au cœur des questions que nous discuterons lors de ce déplacement.
Ces négociations internationales seront difficiles car il s’agit d’une transformation profonde de nos modèles économiques, voire culturels. Tout accord devra être validé par consensus. La position des grands pays émergents, comme la Thaïlande, sera l’une des clés de l’accord qui sera, je l’espère, trouvé à Paris. Il existe déjà une coopération universitaire intense entre la France et la Thaïlande sur les questions liées aux dérèglements climatiques ; j’espère qu’elle nous permettra d’avancer ensemble vers une solution durable, dynamique et utile pour tous.
Nous aurons aussi des entretiens de nature politique, en particulier sur la question des droits de l’Homme. Et nous rencontrerons des représentants de la communauté française, comme il est de coutume lorsque des parlementaires se déplacent à l’étranger.
Que rôle joue exactement le président du groupe d’amitié France-Thaïlande au sénat ?
Les sénateurs adhérent volontairement à un groupe d’amitié et ils choisissent les pays qui les intéressent le plus, avec lesquels ils sentent une proximité. Le président est chargé d’animer le groupe d’amitié et de représenter le Sénat dans le cadre des relations bilatérales entre la France et le pays concerné. Il nous arrive par exemple d’organiser des colloques et des réunions consacrées à un thème qui intéresse le pays partenaire, d’accueillir des personnalités ou encore de participer aux déplacements du Président de la République, du Premier ministre ou d’un ministre dans le pays. L’activité est très diverse mais elle a un objectif : les liens d’amitié. Nous sommes au fond des « facilitateurs », nous tentons de faire en sorte que les relations se passent au mieux entre nos pays.
En raison de la dictature militaire qui sévit en Thaïlande, les relations diplomatiques de haut niveau entre le royaume et la France ont été interrompues. Souhaitez-vous leur rétablissement ?
En réaction au coup d’Etat du 22 mai 2014, l’Union européenne a décidé très rapidement de suspendre les visites officielles entre les pays membres de l’Union et la Thaïlande et de reporter la signature de l’accord de partenariat et de coopération jusqu’à ce qu’un gouvernement élu démocratiquement soit en place. Elle a aussi appelé à la mise en place d’une feuille de route rapide et crédible pour un retour à l’ordre constitutionnel et pour la tenue d’élections qui soient elles-mêmes justes, transparentes et inclusives. L’Union européenne et la France seront notamment attentives au respect des droits de l’Homme et aux libertés fondamentales.
La Thaïlande est historiquement le partenaire le plus ancien de la France en Asie du Sud-Est. Les liens qui unissent nos deux pays sont étroits, comme le montre par exemple l’importance de la communauté française ou l’existence de votre journal, un journal francophone ! Nous venons donc en amis sincères mais aussi en amis vigilants.
Propos recueillis par Philippe Plénacoste
