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Je crois avoir trouvé la solution pour l’impossible budget français. Elle nous vient d’Albanie, ce pays gouverné jadis par un dictateur aussi francophone que féroce stalinien: Enver Hoxha (1908-1985). Dans ces contreforts montagneux balkaniques, terre de clans impitoyables et de vendettas qui n’en finissent jamais, le Premier ministre Eddie Rama a choisi de faire rentrer l’intelligence artificielle dans son gouvernement. La future ministre IA – c’est une femme, on se demande pourquoi – aura la charge des contrats publics, officiellement pour empêcher la corruption. Elle engloutira les appels d’offres. Elle recrachera ses choix, en fonction des critères que des humains auront préalablement programmés. Pas de débat politique. Pas de censure possible au Parlement. Les algorithmes feront, selon le chef du gouvernement albanais, ce que la démocratie n’est pas capable d’obtenir.
Je plaide donc pour le remplacement immédiat d’Eric Lombard, le ministre des Finances en « affaires courantes », par un supercalculateur, ou par un logiciel de Mistral, le leader français de l’intelligence artificielle. A chacun ses propositions. A chacun ses calculs, y compris pour l’économiste de gauche Gabriel Zucman, convaincu que sa taxe sur les super-riches (à partir de 100 millions d’euros de patrimoine) rapportera entre 15 et 20 milliards d’euros par an. L’IA ministérielle moulinera les données en fonction des contraintes budgétaires européennes, des taux d’emprunt sur les marchés, et des fameuses notations financières. Sébastien Lecornu, surnommé « le cornichon » par Nicolas Sarkozy, pourra débattre à foison. La machine préparera le projet de budget 2026.
Ah, j’oubliais: ce ministre virtuel devra aussi écouter les Français. Parfait. Il suffira de lui faire avaler les dizaines de milliers de cahiers de doléances remplis lors du « Grand débat national », après la crise des « Gilets jaunes » de l’hiver 2018-2019. Un grand débat animé en partie, alors, par un certain… Sébastien Lecornu.
Bonne lecture, et vive les cornichons !
(Pour débattre : richard.werly@ringier.ch)
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