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C’est une bouteille à la mer dont personne ne se saisit en France. Trop risquée. Trop problématique. Trop éloignée du rivage pour être récupérée. Cette bouteille qui vogue sur les flots politiques est celle de la Sécurité sociale, qui vient de fêter ses 80 ans. La « Sécu » est, à juste titre, une fierté française. Elle dispose, depuis 1996, d’un budget spécifique, regroupé dans le « Projet de loi de finances pour la Sécurité sociale » alias le PLFSS. C’est ce texte législatif que le Premier ministre Sébastien Lecornu veut à tout prix faire voter ce mardi, ce qui semble possible avec l’accord des socialistes. Exit, la procédure de vote bloquée de l’article 49.3, dont la dernière édition de Républick évoquait (à tort ?) le possible retour. Lecornu croit encore qu’il est possible d’arracher un vote favorable à l’Assemblée nationale. S’il l’emporte, l’étiquette de sauveur lui sera en partie accolée…
Il y a pourtant des chiffres qui, eux, disent le SOS dans la bouteille. Au total, 30 milliards d’euros de déficit, selon le gouvernement, si le PLFSS n’est pas voté. Un trou de 22 milliards dans sa version actuelle, avec la suspension de la réforme des retraites à 62 ans et neuf mois. Alors qu’à l’origine, le projet de défunt gouvernement Bayrou envisageait 17 milliards de déficits. Une bouteille, je vous dis. Dans laquelle la Cour des comptes a glissé un message en forme de rapport. Celle-ci, le 3 novembre, soulignait « le caractère préoccupant de la situation financière de la Sécurité sociale », dont elle jugeait alors « le redressement envisagé exposé à de fortes incertitudes ». Avant d’asséner une vérité chiffrée: « Si d’ici à 2029, la trajectoire financière de la Sécurité sociale ne se redresse pas, l’accumulation de déficits conduira à la reconstitution d’une nouvelle dette sociale, de plus de 100 Milliards d’euros ». Ce qui « oblige à définir une trajectoire crédible de retour vers l’équilibre ».
SOS Sécurité sociale. « Contre la démission de la volonté, reconnaissons que le contrat social imaginé en 1945 peut disparaître. Que notre État providence peut mourir » alertait, en 2024, le quotidien libéral « L’Opinion ». Peut-on encore juger tenable la promesse du Conseil national de la résistance en 1945, au sortir de la Seconde Guerre mondiale : « Un plan complet de Sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail » ? Je pose la question.
Bonne lecture, dans l’insécurité sociale !
(Pour débattre : richard.werly@ringier.ch)
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