Comment vont voter les Français d’Asie ? Et, au sein de cette immense région, qui seront les qualifiés au second tour des élections législatives, parmi les candidats dont Gavroche a publié les professions de foi ? La sortante est Anne Genetet, de l’ex majorité présidentielle. Nous connaissons ses opposants de droite comme de gauche. Avec, parmi les candidats, deux figures nationales connues pour avoir affronté le suffrage universel lors d’élections présidentielles : François Asselineau et Jacques Cheminade.
De nombreux lecteurs nous ont interpellé sur notre choix d’ouvrir nos colonnes à tous les candidats. Certains nous demandent de publier, non des entretiens, mais des enquêtes sur les plus médiatiques d’entre eux, comme MM Cheminade et Asselineau. À ce stade, nous sommes contraints de décevoir ceux qui nous lisent. Gavroche conçoit d’abord sa mission comme celle d’un service public de l’information, pour que tous nos compatriotes en Thaïlande et dans les pays de la région, puissent avoir accès en un seul endroit à l’ensemble des données.
Nos moyens rédactionnels ne nous permettent pas, en revanche, d’enquêter aussi vite sur les personnalités en lice.
Que tous nos lecteurs soient certains en revanche de notre engagement : nous traiterons tous les candidats sur un pied d’égalité. Dés lors que leurs paroles et leurs actes sont respectueux des lois de la république. A leur tour, nous demandons aux intéressés de faire connaitre Gavroche. Un bonne démocratie exige des médias solides, neutres et fiables. En route pour le premier tour et la vérité des urnes. Et en avant avec Gavroche, le média francophone d’Asie du Sud Est qu’il n’est simplement plus possible d’ignorer !
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L’hypothèse d’un troisième tour refait souvent surface à l’issue d’un processus électoral pourtant incontesté mais dont le résultat déplait. C’est la réaction du “mauvais joueur” ! Les règles du jeu démocratique sont censées trancher l’attribution des sièges dans les assemblées parlementaires. La situation telle qu’elle résulte d’une élection n’est pas pour autant figée : la majorité peut être modifiée à l’issue du mandat ou en cours de mandat selon les règles prévues par la constitution. La dissolution en est un moyen.
Et pourtant la règle n’est pas considérée comme absolue. Si les élections leur donnent une majorité de sièges, les règles sont respectées et défendues. Il n’en est pas ainsi dans le cas inverse, les élections et leurs résultats sont contestés au nom d’une légitimité de nature supérieure. L’expression de cette légitimité doit alors s’exprimer dans la rue qui doit mobiliser, dans un “processus fusionnel” y compris par le désordre, et inverser, si possible, une situation issue des urnes. C’est le 3ème “tour social”. Cette approche est le propre des mouvements révolutionnaires qui, lorsqu’ils pensent conquérir le pouvoir par l’élection, jouent le jeu des urnes mais qu’ils contesteront, le cas échéant, au nom d’une expression du peuple jugée supérieure. Cette approche s’analyse pourtant comme une forme de rejet du régime représentatif et contribue à délégitimer les institutions telles qu’elles fonctionnent en régime parlementaire. Les partis de droite comme de gauche peuvent endosser une telle stratégie. Il faut encore en voir les moyens. Il semble plus facile pour la gauche de mobiliser des forces et des moyens d’actions plus rapidement et plus puissants (associations, syndicats, grèves, manifestations, pétitions, réseaux sociaux, voire appels à la “désobéissance civile” y compris des fonctionnaires, mouvements sociaux entraînés dans la spirale de la violence). La stratégie mélenchoniènne est suspectée de se situer dans une telle optique. Sa réussite dépendrait des soutiens qu’il pourrait mobiliser qu’un “emballement ” de type révolutionnaire pourrait coaguler. L’issue, incertaine d’un tel processus dépend souvent du rôle que l’armée entend jouer dans une telle configuration. Quelle pourrait en être l’issue purement politique dans le cadre institutionnel existant ?
On peut voir dans cette forme de contestation de la démocratie représentative une approche fondée sur le “deux poids, deux mesures” pas aussi radicale que le slogan sartrien d’inspiration plus anarchiste.
Aux dernières élections au Parlement européen, un électeur sur deux s’est abstenu. Même si, pour les législatives anticipées, un sursaut participatif s’annonce, la question lancinante et récurrente resurgit : faut-il obliger les citoyens à se rendre aux urnes ?
Les cartes électorales portent en lettres capitales, en blanc sur fond bleu, le fameux adage :”Voter est un droit, c’est aussi un devoir civique”. Le citoyen faisant la différence entre le “devoir” et l'”obligation” fait l’impasse sur une obligation qui n’en est pas une. Si la question du vote obligatoire est régulièrement brandie, elle n’est abordée, en France, que comme un passe temps médiatique et plus rarement parlementaire. Depuis le début de la IIIème République, une cinquantaine de propositions de loi en ce sens ont été déposées, sans suite. On considère que l’énoncé d’une norme civique de nature morale, une morale civique et non juridique suffit pour que le système électoral fonctionne. Les manuels d’éducation civique enseignée dès les premières minutes de la classe, à l’école primaire, jadis tenue par les “hussards noirs”, suffisaient à reléguer le “mauvais citoyens” dans un espace guidé par l’égoïsme, l’intérêt individuel et non l’intérêt général.
En juin 2023, les députés du groupe LFI ont déposé un amendement parlementaire proposant qu’un abstentionniste l’obligation de participer à l’organisation du scrutin suivant dans sa commune. Une sorte de peine de travail général électoral. L’aboutissement d’une telle proposition ou d’autres allant dans le même sens ne sont pas exemptes de risques : la pratique généralisée des sondages s’intéresse aux abstentionnistes pour leur demander pour qui ils voteraient s’ils votaient, une double condition susceptible de varier durant toute la campagne électorale dans l’attente d’une éventuelle “cristallisation” du choix. Par ailleurs, les sondages ne permettent pas une appréhension correcte de l’abstention. Dans ces sondages, la réponse abstentionniste est sous-évaluée ce qui semble valider l’efficacité de la norme.
J.L.Mélenchon dans son programme de 2022 préconise la reconnaissance du “vote blanc” qui, pour le moment, contreviendrait à la loi du 21 février 2014 qui vise à décompter les votes blancs séparément des bulletins nuls en ne les considérant pas comme un suffrage exprimé. Les votes blancs ne sont pas reconnus en Europe sauf pour les référendums aux Pays-Bas et en Suède. Cette reconnaissance implique la fixation d’une proportion de votes bancs dont le niveau atteint ou supérieur, un seuil préalablement déterminé, entrainerait l’annulation de l’élection avec les coûts qui vont avec sans même celui relatif à l’impression d’un bulletin d’un nouveau genre ni des contentieux électoraux inédits.
Les partisans du vote obligatoire y voient “un rempart pour la démocratie représentative”. Il l’est d’ailleurs pour les grands électeurs composant le collège qui élit les Sénateurs. Rendre le vote obligatoire en obligeant les électeurs à voter qui ont toutes sortes de raisons à voter ou à ne pas voter ne constitue t-il une contrainte dangereuse pouvant conduire à des votes insincères ? Une expression certes mais pouvant être dangereuse et apparaissant comme peu compatible avec le fonctionnement d’un régime démocratique impliquant la liberté de voter. Casser le thermomètre n’aurait pour effet que de dissimuler une abstention cachée. Si l’abstention est le symptôme d’une démocratie qui dysfonctionne, mieux vaut en avoir la trace, la mesure, aussi imparfaite que soit le taux d’abstention. Dans le but de réduire le taux d’abstention, nos dispositifs électoraux ont facilité le vote par procuration et progressivement par internet. Les analyses à venir mesureront ces évolutions sur le taux d’abstention. Les enquêtes font apparaitre que le vote obligatoire favoriserait plutôt les partis “extrémistes”.
Un Belgique le vote obligatoire existe depuis 1893. Aux élections législatives de 1855, le taux d’abstention était de 65 pour cent.Aujourd’hui le taux de participation se situe autour de 88 pour cent. L’abstention s’exprime par le vote blanc pour éviter un risque d’amende de 40 à 120 euros en cas de récidive. L’identification des contrevenants étant difficile, le coût des poursuites trop important pour des tribunaux engorgés, le vote obligatoire n’est plus appliqué depuis une vingtaine d’années. Force est de constater que l’obligation morale reste forte et le taux de participation belge n’a diminué que de très peu, de 1 à 2 pour cent.
Une étude de législation comparée intitulée : “Note sur le vote obligatoire” portant sur 6 pays de l’UE et la Suisse , datée de novembre 2021, à l’initiative du Sénat ( Sénateur Eric Kerrouche) est disponible sur internet. Une étude de législation comparée du Sénat de mai 2003, également disponible sur internet avait dressé un état complet des lieux. Pour une analyse d’ensemble, l’article de William Benessiano :”le vote obligatoire” in la “Revue de droit constitutionnel” de 2005/1 (numéro 61) pp 75 à115, disponible sur le site internet CAIRN.
L’urne est le fruit d’un long tâtonnement et à connu une certaine évolution. Dans les temps révolutionnaires le vote se faisait à main levée. La méthode fût abandonnée au motif qu’elle ne garantissait ni le secret ni la sincérité du vote. L’urne à remplacé la collecte des bulletins opérée par des comités d’élus au dessus de tout reproche. Les fraudes électorales n’ayant de limites que l’imagination des électeurs et des partis politiques, on accoucha de l’urne d’abord en bois dont on vérifiait, préalablement au vote, qu’elle n’était pas pourvue d’un double fond et vide. Mais les techniques de bourrage pendant l’opération électorale et surtout après prospérèrent surtout si le dépouillement des bulletins n’était pas immédiats. Puis vint l’urne transparente censée pallier certains inconvénients de la précédente mais pas le bourrage rendu un peu plus difficile. Puis vint le vote électronique dont beaucoup se méfient, les résultats pouvant être manipulés à distance par des États malveillants.
Parallèlement, l’isoloir apparut. Lieu de l’individu votant, le citoyen dans la pureté de sa citoyenneté. L’édicule s’apparente à ceux ou s’exerce l’intimité des corps, les cabines d’essayage et les “édicules d’excrétion”. L’isoloir parut garantir le secret du vote et éviter les pressions et les chantages ce qui n’est pas le cas du vote électronique.
Mais au delà des instruments du vote dont a évoqué que les deux plus importants, le bulletin n’est pas le moindre. La question fondamentale a été abordée, et beaucoup autres, par J.P. Sartre. Dans un article des “temps Modernes” daté de 1973 (numéro 318) il lance la fameuse formule qui fit florès: “Élections, pièges à cons”. “L’isoloir planté dans une salle d’école ou de mairie est le symbole de toutes les trahisons que l’individu peut commettre envers les groupes dont il fait partie” écrit-il. Il s’agit pour lui d’une critique du système représentatif qui, d’après lui doit être le plus limité possible. La formule eu une postérité avec Coluche qui déclarait que “si vote changeait quelque chose, il y a longtemps que ce serait interdit”. Le vote au référendum de 2005 et les suites qui en furent données semblent avoir renforcé ce sentiment favorisant l’abstention ou le vote blanc. Sous d’autres cieux, plus exotiques, le vote pourtant exprimé selon les canons usuels plus ou mois bien respectés, fût néanmoins confisqué. Sur ce, bonchoix Madame, bonchoix Monsieur comme disait l’autre.