L’heure est aux rapports de force. Pas la peine de faire un dessin : le monde de Donald Trump est celui de la puissance. Point final. L’heure est aussi à la remise en cause de l’aide humanitaire, au vu des menaces de fermeture de US Aid. On connait le refrain : tout cet argent dépensé pour quoi ? Qui sont ces ONG financées depuis des lustres pour travailler dans des camps de réfugiés ou pour des programmes sociaux dont les pays donateurs ne voient jamais le retour sur bénéfice ? Ce refrain est facile à entonner, y compris en Asie du Sud-Est. Surtout par ceux qui ne sont jamais en contact avec les populations vulnérables.
Gavroche n’est pas idéologue de l’humanitaire à tout prix dans cette région où les abus de l’aide internationale ont été documentés en long et en travers après le tsunami du 26 décembre 2004. Oui, les ONG peuvent abuser et profiter d’une rente de situation. Oui, les pays émergents d’Asie du Sud-Est ont maintenant les moyens de faire face à la plupart des défis sociaux. Mais le risque de cette vague venue de Washington est qu’elle balaie tout sur son passage. La défense des droits de l’homme ? Bien moins importante que de juteux contrats, souvent militaires. L’aide aux médias locaux indépendants (sous une forme ou une autre) ? Bien moins importante que le rapprochement diplomatique.
La France de 2025 courtise l’Indonésie et son président Prabowo (élu démocratiquement) dont l’itinéraire personnel est tâché du sang de la répression, sous la dictature de Suharto. Il devrait même assister au défilé du 14 juillet à Paris. Le Cambodge profite de son embellie touristique et économique pour ne pas répondre aux interrogations sur l’assassinat du député franco cambodgien Lim Kim Ya. En Thaïlande, l’énergie inlassable des activistes pro-démocratie établis à Paris est ignorée. Tous ces dossiers existent. Notre devoir est d’en parler. Sous tous les angles. La raison des États ne doit pas être celle des médias. Même si cela fâche une partie de leurs lecteurs.
C’est pour cette raison que nous comptons sur vous pour diffuser Gavroche, et répéter cette évidence : qui, aujourd’hui, en Asie du Sud-Est, à part notre (très) modeste publication, ose encore dire « non » en français ?
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Les pays émergents d’Asie du Sud-Est ont maintenant tous les moyens de faire face à la plupart des défis sociaux peut-on lire ? Mais pourquoi ne le font-ils pas ? C’est ce qui précisément les caractérisent ! Une sécurité sociale bas de gamme lorsqu’elle existe (dépenses de santé à charge et un accès minimum, pas de retraite, pas d’allocations familiales, congés réduits, etc 😉 assurée soit par l’épargne individuelle souvent inexistante vu le taux d’endettement ou familiale basée sur le fameux respect des « valeurs asiatiques » si chère à certains occidentaux en mal d’exotisme maladif et critiques d’un occident individualiste décadent. Ces mêmes qui ont un accès gratuits aux services de santé et aux soins, bien que de moins en moins performants ni accessibles. Un modèle pour les patronats occidentaux, petits et grands. mais concurrence mondiale oblige ; pour être compétitif, réduction la plus drastique des salaires (pendant que les rémunérations mirobolantes alimentent par les circuits de la corruption, une classe sociale dominante prédatrice et autoritaire) et pas de cotisations sociales qui alourdiraient les opportunités des marchés et de ceux qui les contrôlent. D’où les délocalisations massives et la désindustrialisation « heureuse ». Il n’est pas certain que les fonds distribués au titre de l’aide aient pour résultats l’amélioration des dispositifs sociaux ni même l’aide humanitaire même d’urgence à l’exception, souvent, de ceux qui les contrôlent et parfois les détournent. Que dire des 700 km de tunnels construits à Gaza ? Avec quelles aides ?