Home Accueil HISTOIRE Le Founan : berceau de la civilisation khmère (suite et fin)

HISTOIRE Le Founan : berceau de la civilisation khmère (suite et fin)

Journaliste : Xavier Galland
La source : Gavroche
Date de publication : 16/12/2012
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C’était en effet, sinon la capitale, du moins la ville commerciale la plus importante du Founan. Voici comment la décrivait Georges Cœdès en 1947: « Oc Eo est une ancienne ville située 25 kilomètres du rivage du Golfe de Siam. A l’observation aérienne, elle se présente comme un immense rectangle d’environ 3 kilomètres sur 1500 mètres ce qui représente une superficie de plus de 400 hectares. Elle était parcourue dans son grand axe par un canal aboutissant à un autre site qui parait s’être trouvé sur un ancien rivage. Il semble que l’on soit en présence d’une ancienne ville maritime, ayant communiqué avec la mer par un avant-port.»

 

Oc Eo pourrait être la Kattigara mentionnée par le géographe d’Alexandrie Ptolémée qui la situait à l’extrême Est de l’Océan indien. De fait, outre certaines monnaies romaines, on y a trouvé des agrafes, des pendants d’oreilles, des bagues, des sceaux et des intailles (pierres fines gravées en creux) dont les inscriptions utilisent l’écriture en usage en Inde entre les IIe et Ve siècles.

 

Là encore, Georges Cœdès explique: « La diversité chronologique de ces trouvailles prouve une longue occupation du site. Les objets d’origine romaine remontent au IIe siècle de l’ère chrétienne. Les inscriptions des sceaux emploient une forme de l’écriture indienne en usage entre le IIe et le Ve siècle.

 

e cabochon sassanide correspond peut-être à une période de l’histoire du Founan pendant laquelle un souverain de souche iranienne régna sur ce pays (milieu du IVe siècle). On n’était renseigné jusqu’ici sur cet ancien royaume hindouisé que par quelques textes chinois et de rares inscriptions sanskrites. Les découvertes de Oc Eo permettent de se former une idée beaucoup plus précise de la civilisation du Founan, ainsi que de ses relations extérieures, notamment avec l’Occident méditerranéen. (…) [Les trouvailles de Oc Eo ajoutent donc] un maillon à la chaine constituée par les emporia, ou marchés ouverts au commerce étranger, énumérés par Ptolémée.»

 

Outre le fait que les fouilles à Oc Eo sont très difficiles - la région se trouvant inondée pendant une grande partie de l’année -, l’absence totale de documents d’origine khmère relatifs à un quelconque royaume du nom de Founan a amené certains chercheurs, dont l’historien vietnamien Ha Van Tan, à s’interroger et à se demander si les vestiges mis à jour à Oc Eo appartenaient bien à un royaume. Selon lui, Oc Eo aurait progressivement émergé en tant qu’acteur économique et centre culturel de la région du delta du Mékong et, avec une position importante sur les routes maritimes du Sud-Est asiatique, serait devenu un lieu de rencontre pour les artisans et les commerçants. Ceci aurait créé les conditions nécessaires à une urbanisation et aurait permis à la ville et à la région de recevoir les influences étrangères qui, à leur tour, auraient stimulé un développement interne.

 

Il convient de garder à l’esprit qu’aucunes archives founanaises ne nous sont aujourd’hui disponibles et qu’une grande partie de nos connaissances repose sur les fouilles et découvertes archéologiques. Des vestiges de mur de briques ont été mis à jour ainsi qu’un vaste réseau de canaux, ce qui suggère un gouvernement très organisé.
De manière générale, les découvertes archéologiques corroborent largement les témoignages chinois dont nous disposons. Ces derniers parlent de populations vivant dans des maisons sur pilotis et pratiquant la riziculture Les tributs envoyés en Chine comprenaient de l’or, de l’argent, de l’ivoire et des animaux exotiques.

 

Comme beaucoup de cultures régionales de l’époque, celle du Founan consistait en un mélange de croyances locales et de pensée indienne. De fait, l’État semble avoir employé des Indiens dans son administration. Le sanskrit y était langue de cour et les religions (l’hindouisme puis le bouddhisme) dominaient.

 

Une des causes du déclin du Founan est peut-être les progrès de la construction navale. Les nouveaux bateaux n’étant plus tributaires du cabotage, ils pouvaient éviter Oc Eo dont le seul attrait commercial était sa position géographique. Il en résulta un écroulement du commerce du Mékong et le royaume fut peu à peu absorbé par le Tchen-la en pleine ascension.

 

Le Founan est aujourd’hui considéré comme le précurseur du puissant Empire Khmer.

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