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INDONÉSIE – CARNET DE ROUTE : A Jakarta, l’impasse écologique

Date de publication : 21/11/2023
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Gratte-ciels de Jakarta par temps de pollution

 

Notre ami et collaborateur Jean-Michel Gallet revient d’Indonésie. Ils nous raconte Jakarta, la capitale la plus polluée du monde.

 

A la lecture des points précédents, on pourrait penser que l’avenir ne pourrait être que
radieux pour un pays comme l’Indonésie.

 

Mais ce serait faire l’impasse sur une autre réalité qui saute aux yeux du visiteur étranger,
notamment européen. Alors que dans nos pays, médias et programmes économiques et
surtout politiques consacrent une part sans cesse croissante aux questions
environnementales et à l’avenir de notre planète, celles-ci, à de rares exceptions, sont
passées sous silence dans un pays comme l’Indonésie.

 

Et ce ne sont pas toutefois les exemples de pollution qui manquent : gestion problématique des déchets en nombre croissant, effondrement de terrains dus à la surexploitation de nappes phréatiques, embouteillages gigantesques, véhicules émettant des fumées -noirâtres ou jaunâtres- qui transforment le motocycliste en mineur de fond (quant aux poumons !!), etc.

Prenons le cas emblématique de la production d’électricité, en progression constante comme dans tous les pays du monde.

 

Sa principale source : le charbon pour les 2/3. Charbon dont la consommation entre 1990 et 2019 a augmenté de 1 686%. Derrière le charbon suivent le gaz (12%) et le pétrole (8%). En d’autres termes, 86% de la production d’électricité a pour origine des sources d’énergie fossile. Et parmi les sources des « renouvelables », dans un pays qui ne manque ni de vent ni de soleil, l’éolien représente 0,2 % et le solaire 0,04%.

 

Certes, tout donneur de conseils en la matière se doit à la prudence et la modestie. Et, par
honnêteté rédactionnelle, il convient de signaler que les autorités ont annoncé vouloir
atteindre la « neutralité carbone » en 2050 et faire de la nouvelle capitale en projet un
modèle de « capitale verte ».


Il est vrai que, dans ce pays, les habitants, depuis toujours, se sont habitués à faire face aux aléas de la nature (tremblements de terre quasi quotidiens sur au moins une des iles de l’archipel, éruptions volcaniques, cyclones et tsunamis). Ce qui a généré un certain fatalisme par rapport à toutes les catastrophes annoncées.

 

Mais, pour moi, la réalité des dérèglements climatiques dus aux atteintes environnementales n’est pas vraiment déniée par une grande partie de la population. Mais elle préfère « mettre la poussière sous le tapis », car ses priorités sont autres. Elle veut d’abord accéder à un certain bien-être matériel -qui inclut aussi la santé et l’éducation-. Un objectif qui serait remis en cause par l’intégration d’obligations environnementales, c’est-à-dire investir aujourd’hui pour un futur au demeurant incertain et aléatoire.

 

De telles mesures sont certes difficiles à prendre. Mais tout ajournement de décisions
permettant de faire face aux effets des dérèglements climatiques ne pourra qu’entrainer, à
terme, des surcoûts aux conséquences économiques, sociales et politiques qui obéreront le
futur du pays.

 

Jean Michel Gallet

 

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