Une vague de manifestations a secoué l’Indonésie ces derniers jours, faisant sept morts et provoquant la destruction du quartier général de la police, de bâtiments législatifs et d’autres sites publics.
Les analystes estiment que ces rassemblements violents reflètent la colère populaire face aux difficultés économiques, à l’indifférence des responsables publics et à l’incapacité du gouvernement du président Prabowo Subianto à mettre en œuvre des politiques favorables à la population. D’autres manifestations sont prévues le 1er septembre.
Quel est l’objet de ces manifestations ?
Les rassemblements ont débuté pacifiquement devant la Chambre des représentants à Jakarta la semaine dernière. Étudiants et membres de syndicats ont dénoncé les avantages excessifs accordés aux législateurs, tels que l’allocation mensuelle de logement de 50 millions de roupies (3 100 $), soit plus de dix fois le salaire minimum national.
Les manifestants réclament également une hausse du salaire minimum et la fin des licenciements massifs qui ont touché des secteurs allant du textile et de la chaussure aux start-ups technologiques et à l’hôtellerie.
Comment les manifestations ont-elles dégénéré ?
Jeudi 28 août au soir, Affan Kurniawan, chauffeur de taxi-moto, a été tué après avoir été renversé par un véhicule de police lors d’affrontements avec les forces de l’ordre. Sa mort a déclenché des manifestations plus importantes et violentes les 29 et 30 août, qui se sont étendues à Bandung, Yogyakarta, Surabaya, Medan et Makassar.
À Jakarta, les manifestants ont pris pour cible le quartier général de la brigade mobile de la police : ils ont incendié des véhicules et des équipements. Ils ont également pillé certains magasins ainsi que les domiciles de quatre législateurs et celui de la ministre des Finances Sri Mulyani Indrawati.
Dans d’autres villes, les manifestants ont attaqué commissariats et assemblées législatives locales, notamment à Makassar, où ils ont tué trois fonctionnaires après avoir incendié le bâtiment du conseil municipal. Dimanche, les violences ont fait sept morts dans différentes villes, dont un chauffeur de taxi-moto à Makassar, un étudiant à Yogyakarta et un conducteur de cyclo-pousse à Solo.
Quelle est la réaction des autorités ?
Le 31 août, le président Prabowo a réuni les dirigeants des partis politiques et les ministres à Jakarta. Il a annoncé que la Chambre supprimerait certains avantages accordés aux législateurs et imposerait un moratoire sur les voyages professionnels à l’étranger, longtemps critiqués pour leur coût. Le président a également ordonné des mesures « décisives » à l’encontre de certains membres dont les déclarations ont provoqué l’indignation publique.
Comment les entreprises réagissent-elles ?
Le 31 août, certains magasins et un centre électronique proches du quartier général de la brigade mobile restaient fermés. Dans le reste de Jakarta, la plupart des commerces fonctionnaient normalement, mais la fréquentation était moindre. Plusieurs entreprises et administrations ont demandé à leurs employés de travailler à domicile le 1er septembre.
Anindya N. Bakrie, président de la Chambre de commerce et d’industrie indonésienne, a appelé à un dialogue « respectueux » pour permettre aux citoyens d’exprimer leurs revendications et a exhorté les responsables à être attentifs à la hausse du coût de la vie et à la faiblesse des revenus. Budihardjo Iduansjah, président de l’Association des détaillants, a également demandé au gouvernement d’assurer la sécurité dans les centres commerciaux et lieux publics.
Les manifestations vont-elles se poursuivre ?
Dimanche soir, une foule a attaqué un commissariat à Bekasi, lançant pétards et cocktails Molotov. La police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. Sur les réseaux sociaux, des appels à de nouvelles manifestations ont été lancés pour le 1er septembre, notamment à Jakarta, Bekasi et Bandar Lampung. Le ministre de la Défense, Sjafrie Sjamsoeddin, a déclaré que la police et l’armée « travailleraient ensemble » pour assurer la sécurité publique et « agiraient de manière décisive contre toute activité illégale ».
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