Pierre Korab, le bungalow des terres rouges

Date de publication : 05/07/2020
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Les secrets de la bibliothèque de François Doré ne sont pas bien gardés ! Régulièrement, notre ami-libraire de Sukhumvit, à Bangkok, nous gratifie de nouvelles découvertes littéraires. Cette semaine: Pierre Korab, auteur de plusieurs romands indochinois dont notre collaborateur conte ici l’histoire. Plus que jamais, l’Indochine française méritait bien son surnom de «belle colonie»… Du moins pour les colons !

 

Une chronique littéraire de François Doré

 

Auteur inconnu mais prolifique, nous présentons ici quatre des romans populaires de Pierre Korab, qui sont situés géographiquement en Indochine.

 

Florence Sentier est une ravissante jeune fille blonde aux yeux bleus. Fille unique du magnat de la ‘Caoutchoutière’ de Phnom Penh, la plus grosse société d’hévéaculture du Cambodge, son bonheur semble tracé à l’avance. Fiancée sans grand enthousiasme à l’associé de son père, le jeune marquis Hubert de Limeuil, Florence partage une existence oisive avec son amie Andrée, toujours prête à lui proposer des sorties dans les magasins de la ville chinoise et des soirées mondaines. Jusqu’au jour où, participant à une partie de chasse dans les forêts du nord du pays, elle est victime d’une chute, heurte du front un arbre et s’évanouit…

 

Elle se réveillera le lendemain sous une petite tente, dressée au milieu d’une pauvre clairière. A ses côtés, l’hôte des lieux, un jeune homme, Henri Lionel. C’est lui qui a recueilli la jeune fille inanimée, l’a soignée et a pu la protéger des bêtes venimeuses qui peuplent la forêt. Henri vient de s’installer sur la nouvelle concession qu’il vient d’acquérir à grands frais. Jeune diplômé de l’Institut Agronomique, il est dépositaire du secret de son vieux maître, professeur de cultures tropicales : un moyen unique d’accroître dans des proportions incroyables, le rendement du meilleur hévéa de tout l’Extrême-Orient…

 

Une nature hostile, des typhons dévastateurs

 

Avec courage Henri mettra en place, petit à petit, au fil de longs mois, sa future plantation. Tout se liguera contre ses efforts, une nature hostile, des typhons dévastateurs et surtout les croyances hostiles des coolies qu’il emploie, devant toute nouveauté sacrilège. Mais dans ses moments de découragements, il n’oubliera jamais de regarder le fragile petit mouchoir de baptiste, marqué de l’initiale de Florence et qui demeure près de son lit, dans son modeste ‘Bungalow des Terres Rouges’. Mais Florence, elle non plus n’a pas oublié celui qui l’avait sauvée, une nuit dans la forêt… Et c’est au moment où l’annonce de ses fiançailles avec le beau marquis de Limeuil allait être publiée, que sa femme de chambre vint lui raconter l’étonnante rencontre qu’elle venait de surprendre dans une rue du quartier chinois…

 

Le deuxième roman cambodgien de Korab, ‘Syngram’, se passe lui dans les forêts de la région des temples d’Angkor. Une histoire curieuse où cette fois-ci, Claude Sylvain, l’héroïne, est une jolie jeune fille aux cheveux châtains et aux yeux bleu-outremer. Journaliste, elle est envoyée en Indochine pour y réaliser une série de reportages. C’est sur le paquebot qu’elle va rencontrer Jacques Herbley, directeur des Services d’Architecture du Cambodge. Même si ses connaissances fascinent la jeune fille, elle n’éprouve pour le savant rien d’autre qu’une amitié admirative. C’est au cours de l’escale de Singapour, dans une fumerie d’opium, qu’elle va apprendre l’existence d’un étrange couple, un grand type brun, accompagné d’une femme blonde, d’ au moins vingt ans de plus que lui. Et ce couple mystérieux s’était installé au Cambodge, dans le coin le plus perdu de la forêt d’Angkor. Mais le plus surprenant était que peu après leur installation dans une magnifique demeure traditionnelle, il avait épousé une jeune et ravissante cambodgienne. Pour la jeune journaliste, ‘un vrai conte des Mille et Une nuits’…

 

La colline du Phnom

 

Quelques jours plus tard, c’est au cours d’une visite de la colline du Phnom que Claude va rencontrer un grand homme brun, étrange, au regard triste… C’est cette rencontre qui va bouleverser le séjour de la jeune fille… ‘Sous l’aile des Pagodes’ est le troisième roman cambodgien de Pierre Korab, daté de 1954. Cette fois-ci, c’est à Phnom Penh que vont s’opposer deux amis d’enfance pour conquérir le cœur de la jolie Florence Sauvière, ‘au regard magnifiquement intelligent et au charme extraordinaire…’. La partie sera rude, entre Jacques Fernel, jeune magistrat et Pierre Chabert, capitaine de l’armée française qui vient de débarquer. Les deux jeunes gens sont invités à une soirée chez les Sauvière, richissime planteur. Mais quelle surprise pour le jeune militaire, quand il apprend que son père, tragiquement décédé au Cambodge il y a plus de quinze ans, était justement l’associé de ce Mr. Sauvière ! ‘Sur la piste du Dragon vert’, bien sûr, l’héroïne est une jolie jeune fille blonde aux yeux bleus, bien sûr les méchants sont des espèces de ‘métèques levantins brunâtres’, bien sûr de vilains Chinois séquestreront la jolie fille, mais bien sûr elle sera sauvée par le jeune homme, rencontré sur le paquebot qui les amenaient en Indochine. Seule originalité de ce banal petit roman d’aventures paru en 1947 : il est situé à Singapour…

 

François Doré. Librairie du Siam et des Colonies

 

Tous les livres cités dans cette chronique sont disponibles auprès de la Librairie du Siam et des colonies: librairiedusiam@cgsiam.com

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