INDOCHINE – LIVRE : Dr Jacques May, un médecin français au Siam
Notre ami et chroniqueur François Doré a toujours le génie de trouver des joyaux dans sa bibliothèque de la librairie du Siam et des colonies que nous vous recommandons. Cette fois, il s’agit d’un livre qui se passe, au moins en partie, au Siam dans les années 30. Un livre peu connu en français mais qui a rencontré plus de succès dans ses versions anglaise et allemande.
Nous n’avons que peu de renseignements sur l’auteur, qui est né Jacques Meyer, semble-t-il à Paris, en 1896.
Après ses études de médecine, un ami lui propose de prendre sa place dans la capitale du Siam en 1932. Ce sera le début d’une carrière de médecin colonial en Asie, qui prendra fin en août 1940, lorsque, Professeur de médecine à l’Université de Hanoï, il fuira l’Indochine vichyste sur un bateau britannique. La deuxième partie de sa vie se passera aux États-Unis, où il se fera le champion des études sur l’influence que peut avoir un climat tropical sur des pathologies connues.
Tout au long de son excellent livre, le Dr May va nous raconter sa découverte de l’Asie et de ses peuples à travers les étonnements, parfois naïfs, du médecin occidental, qui doit imposer son art à des populations auxquelles la médecine moderne, inconnue, fait peur. ‘Bangkok à cette époque, en 1932, n’abritait qu’un petit million d’habitants et il était courant d’y voir d’énormes serpents traverser les rails du tramway’. Le médecin partage son temps entre l’hôpital religieux français (St Louis) et son cabinet, où il reçoit d’étonnantes visites ; les maux de ses patients sont toujours les mêmes, le ventre et le bas-ventre, les dysenteries et les maladies vénériennes. Mais alors, le médecin occidental se heurtait à l’extrême pudeur de son patient, refusant de se soumettre à un examen précis.
Même chose au Palais, où l’on frôlera l’incident diplomatique quand le Dr May devra intervenir et sauver la vie d’une princesse recluse du harem, pour laquelle le moindre contact avec un homme restait un crime. Tout pouvait arriver au Siam de cette époque où le paludisme causait la mort de 50.000 personnes par an. Mais la plus grande surprise du praticien sera le nombre de parasites que ses patients pouvaient abriter : ‘L’Indochine, l’Indonésie, la Birmanie et l’Inde ne souffraient pas vraiment d’être des colonies; mais les populations de ces territoires étaient asservies par de plus grands tyrans silencieux : les vers intestinaux et les parasites sanguicoles’.
Soigner les corps mais bien souvent découvrir les âmes; essayer de comprendre, deviner quelles souffrances se cachent la maladie: le Dr May va petit à petit découvrir l’Asie et ses secrets.
François Doré
Librairie du Siam et des Colonies
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