Une Planète chinoise

Date de publication : 15/08/2020
0

Cet essai, fruit des chroniques données par François Hauter au Figaro en juillet et août 2007, nous décrit une planète en passe de devenir chinoise.

 

L’Empire du milieu a construit quinze autoroutes en direction de l’Europe sur les pistes de l’antique route de la soie, a réussi à tromper les plus grandes entreprises occidentales et à ruiner nombre d’investisseurs étrangers sur son sol; les Chinois font aussi peser un désastre écologique majeur tant sur leur pays que sur la planète entière car ils sont aussi passés maîtres en realpolitik, soutenant les pires dictateurs du monde et contribuant à coups de milliards d’euros au «développement» de l’Afrique et du Tiers-monde, pour servir les intérêts de leur empire sans contre partie démocratique…

 

Tous ces constats et toutes les interrogations dont ce livre est émaillé justifiaient bien une enquête menée jusqu’aux confins de la terre, partout où les Chinois se lancent à la conquête du commerce mondial, pour appréhender leur politique étrangère et mieux comprendre leur identité.

 

De l’Extrême-Orient russe au Vanuatu, des Chinois de San Francisco à ceux du Mozambique et du Gabon, en passant par Pékin, Bangkok ou Phnom Penh, François Hauter, grand reporter et longtemps correspondant du Figaro dans l’Empire du milieu, nous donne le sentiment, en franchissant les frontières, de passer d’une révélation à l’autre.

 

Surprenant de la part d’un tel connaisseur de la Chine… Laissons de côté ce «gimmick» de reporter pour reconnaître les mérites du récit, car l’auteur brosse des petits portraits très justes des pays traversés, quant à la stratégie chinoise, mais aussi en regard de la situation générale de ces états: il n’y a ainsi pas grand-chose à redire des chapitres consacrés à la Thaïlande et au Cambodge.

 

Il faut sortir des lieux communs, voire des fantasmes, tant sur les grandeurs d’une culture disparue que sur le «péril chinois», pour mieux relever les contradictions et paradoxes de ce dragon.

 

Le livre de François Hauter y contribue: «sans aucune unité et néanmoins conquérant, détruit par la Révolution culturelle, éclaté en une mosaïque de peuples qui s’ignorent», avec des élites fières de leur héritage culturel mais qui n’aspirent qu’à envoyer leurs enfants étudier à l’étranger voire à les occidentaliser définitivement, ce géant fragile étend néanmoins son empire, qui apparaît souvent de porcelaine… faut-il davantage redouter son extension que sa possible chute?

 

Olivier Jeandel

Librairie Carnet d’Asie

 

Chaque semaine, recevez Gavroche Hebdo. Inscrivez vous en cliquant ici

Les plus lus