Sans surprise, la Banque Negara Malaysia (BNM) a maintenu jeudi 8 mai son taux directeur à 3 %, mais son discours monétaire envoie des signaux de plus en plus clairs sur une baisse imminente. La prochaine réunion de juillet pourrait marquer ce tournant attendu.
Un statu quo stratégique
La décision de maintenir le taux directeur à 3 % était largement anticipée par les analystes, 20 des 25 experts sondés par Bloomberg ayant prévu ce scénario. Toutefois, le ton du communiqué publié à l’issue de la réunion du comité de politique monétaire s’est nettement assoupli par rapport à celui de mars, avant l’escalade commerciale avec les États-Unis.
BNM évoque désormais « des risques baissiers » pesant sur l’économie, une formule déjà utilisée en mars 2019, juste avant une baisse de taux deux mois plus tard. Plusieurs éléments clés de la rhétorique antérieure ont également disparu, notamment l’affirmation selon laquelle la politique monétaire « soutient l’économie » ou que le resserrement des écarts de taux avec les économies avancées est « positif pour le ringgit ».
Un signal précurseur : la baisse du SRR
Autre geste significatif : la banque centrale a abaissé d’un point le taux de réserve obligatoire (SRR), le ramenant à 1 %. Cette décision injectera 19 milliards de ringgits dans le système bancaire, facilitant la gestion de la liquidité dans un contexte de volatilité accrue des marchés financiers.
Même si BNM insiste sur le fait que cette mesure ne reflète pas directement sa position monétaire, elle renforce néanmoins l’idée d’un assouplissement à venir. Pour les analystes, cette réduction vise à optimiser la transmission de toute future baisse de taux à l’économie réelle.
Un calendrier qui s’accélère
Le débat porte désormais sur le moment, plus que sur la probabilité, d’une baisse du taux directeur. Selon les stratèges de GEM FI & FX, le mois de juillet semble plus probable que septembre, BNM apparaissant déjà en phase avancée de préparation. Un éventuel ajustement pourrait être présenté comme « préventif », sans attendre une révision officielle des prévisions de croissance du PIB — laquelle reste conditionnée à une meilleure visibilité sur les tensions commerciales avec les États-Unis.
En l’état, les économistes anticipent une baisse unique en juillet, BNM demeurant attentive aux données économiques avant d’envisager de nouveaux ajustements.
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