Après les deux attaques meurtrières contre des manifestants anti-gouvernementaux le week-end dernier, la sécurité a été renforcée à Bangkok autour des cinq sites de protestation visés par les assaillants. La situation est toutefois normale dans le reste de la capitale et du pays. Si la plupart des ambassades recommandent de ne pas s’approcher des lieux de rassemblement, les principaux sites touristiques de la capitale et du royaume ne sont pas concernés par les troubles actuels.

Deux attaques à la grenade en deux jours, des tirs d’armes à feu, un mort, des dizaines de blessés et des assaillants qui courent dans la nature : les manifestations dans la capitale thaïlandaise, où plusieurs milliers d’opposants bloquent cinq intersections majeures depuis une semaine, ont pris une tournure inquiétante.

Alors que gouvernement et opposition se jettent la pierre sur la responsabilité de ces attentats, la police, épaulée par l’armée, a renforcé le dispositif de sécurité autour des lieux de manifestation.

L’armée a indiqué hier que ses services de renseignements ont détecté des mouvements suspects d’armes et explosifs vers la capitale, sans élaborer, faisant craindre une escalade de la violence.

Hier soir, à l’intersection Asoke, dans le centre de Bangkok, les gardes du PDRC, le Comité de Réforme pour la Démocratie à l’origine de la rébellion anti-gouvernementale, fouillaient les sacs de chaque personne entrant dans le périmètre de la manifestation, où l’affluence était toutefois faible.

Plusieurs barrages de police, épaulés par des militaires, ont été dressés autour des sites pendant la nuit afin de contrôler les véhicules. Un dispositif qui a permis de passer cette nuit sans incident dans la capitale.

De nombreuses ambassades déconseillent à leurs ressortissants vivant à Bangkok de se rendre sur les lieux des manifestations, potentiellement dangereux. Les touristes étrangers sont également prévenus d’éviter ces périmètres, mais peuvent emprunter en toute sécurité le métro et les transports en commun qui fonctionnent normalement.

Les deux aéroports de Bangkok, Suvarnabhumi et Don Mueang, ne sont pas visés par les manifestants.

Les transports inter-régionaux et les dessertes aériennes fonctionnent normalement.

L’ensemble des sites touristiques sont ouverts, accessibles et sécurisés.

A Bangkok, certains centres commerciaux, salles de cinéma, d’expositions situés sûr ou à proximité des lieux de manifestations ferment plus tôt pour des raisons de sécurité. Seuls quelques musées et galeries, dans la quartier historique et dans le centre de Bangkok sont fermés. Restaurants, bars et hôtels sont ouverts et fonctionnent normalement, ainsi que les écoles (dont le lycée français de Bangkok) et les universités.

Si la prudence, le bon sens et l’écoute sont de règle pour tout voyageur souhaitant se rendre en Thaïlande en ce moment, la sécurité des touristes et des étrangers en général n’est pas remise en question.

Le climat d’insécurité risque-t-il de se dégrader ?

Oui, pour deux raisons :

– Les leaders du PDRC ont demandé à leurs supporters de bloquer les administrations dans le reste du pays. Si à Bangkok et dans le Sud du pays, acquis en majorité à leur cause, ils n’ont pas rencontré de résistance, ils risquent ailleurs de se confronter aux supporters du gouvernement, notamment dans le Nord et le Nord-Est du pays. Des débordements et des violences sont à craindre.

– La tenue des élections du 2 février, rejetées par l’opposition, pourraient se dérouler – si elles sont maintenues, ce qui n’est pas encore certain – dans un climat d’insécurité, à Bangkok mais aussi dans le reste du pays où des violences entre les supporters des deux camps sont à craindre.

Ce climat peut-il avoir un impact direct sur la sécurité des touristes ?

Non. Dans le cas où des troubles surviendraient dans les villes touristiques où sur les îles, les touristes seront tenu informés rapidement des dangers potentiels et devront éviter les lieux de rassemblement. Les étrangers ne sont en aucun cas visés par les événements actuels.

Le royaume est actuellement au beau milieu de la haute saison touristique et malgré la situation inquiétante à Bangkok, l’activité bat son plein.

Une guerre civile peut-elle avoir lieu prochainement, mettant la sécurité des touristes en danger ?

Non. Si tous les ingrédients (haine, violence, intransigeance…) sont réunis pour déclencher un affrontement entre les deux camps, l’armée, très puissante et très influente, s’interposera pour rétablir l’ordre, avec ou sans l’avis du gouvernement, et ne laissera pas, malgré son fort engagement politique, le royaume verser dans une guerre civile.

La situation politique peut-elle se rétablir rapidement ?

Impossible, à l’heure actuelle, de prédire la fin des manifestations qui durent depuis près de trois mois, tellement le dialogue entre les deux camps semble aujourd’hui impossible. L’opposition refuse toute négociation avec le pouvoir en place et cherche à le renverser par une révolution populaire qui tarde à venir. Le gouvernement, de son côté, appelle les Thaïlandais à choisir leur camp lors des prochaines élections.

Si une sortie de crise existe, elle reste à trouver.