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THAÏLANDE – DÉCOUVERTE : Phra Pradaeng, le poumon vert de Bangkok

Journaliste : Sacha Duroy Date de publication : 13/08/2020
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Il serait peut-être abusif de qualifier cette boucle de la Chao Phraya de “seul espace naturel de Bangkok” tant la nature tropicale, y compris au cœur de la mégapole, profite du moindre interstice pour reprendre ses droits. Il n’en demeure pas moins que ces quelques hectares de forêts sillonnés d’étroites voies sur pilotis et d’autant de canaux constituent une exception notable au sein de l’espace urbain de la capitale, réputée pour faire pousser les “condos” plus vite que les arbres. Trois raisons d’aller s’aérer dans le “poumon vert” de Bangkok.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce surnom de « poumon vert » n’est pas usurpé. Impossible d’ailleurs de le manquer sur les cartes : cette tache verte en forme de goutte, enchâssée dans un méandre particulièrement resserré de l’aval du fleuve chao Phraya, se détache nettement du gris du reste de l’agglomération.

 

Miraculeusement épargné par la fièvre lotisseuse qui sévit à Bangkok, cet espace, propriété de l’État, est aujourd’hui préservé justement en raison de la biodiversité qu’il abrite, d’ailleurs mise en valeur à des fins pédagogiques : dans les différents parcs, de nombreux panneaux explicatifs, rédigés en thaï et en anglais, permettent d’identifier les différentes essences végétales ; un projet de reforestation des zones herbeuses par les essences originelles de la zone est même en cours.

 

Mais même sans avoir la fibre botanique, on ne peut qu’apprécier au premier coup d’œil la variété et la luxuriance de cette épaisse couverture végétale, ainsi que l’ombre bienfaisante qu’elle fournit. Deux parcs permettent d’en profiter au mieux : le superbe Sri Nakhon Khuean Khan Park and Botanical Garden et celui qui entoure la Siamese Fighting Fishes Gallery, les deux étant situés à quelques coups de pédales de l’embarcadère de Bang Kachao.

 

Le premier est le plus vaste et le plus populaire : les Bangkokois s’y rendent volontiers le week-end, qui pour nourrir les poissons de l’étang central – fort nombreux –, qui pour s’affronter sur les pelouses dans des parties de takraw endiablées, qui pour lire sur l’un des nombreux bancs qui bordent les tout aussi nombreux points d’eau de ce parc plein de recoins tranquilles, ou tout simplement y observer le spectacle de créatures plus ou moins discrètes…

 

Un observatoire idéal

 

… Car la faune n’est pas en reste à Phra Pradaeng : qu’elle soit volante, nageante ou rampante, elle prend ses aises dans cette oasis de verdure où la présence humaine, limitée, ne constitue pas une menace directe. Ses plus impressionnants représentants sont sans conteste les varans qui, tout en restant craintifs lorsqu’ils sont sur la terre ferme – et ce malgré leur taille parfois imposante – vaquent à leurs occupations aquatiques sans trop se préoccuper de la présence humaine.

 

Ne vous étonnez donc pas, lorsque vous vous prélasserez dans l’une des jolies salas sur pilotis de bois du parc de Sri Nakhon Khuean Khan, de voir onduler à quelques mètres de vous et sans se dérouter l’un de ces curieux reptiles. Les spécificités de ce milieu humide, qui brouille les limites entre le terrestre et l’aqueux, favorisent également la présence de nombreuses espèces d’oiseaux, parmi lesquelles vous aurez peut-être la chance de retrouver, à la faveur d’un éclat bleu chatoyant, un cousin de notre martin-pêcheur européen.

 

Mais les véritables stars de la péninsule sont, comme de juste, les créatures les moins visibles… Sauf à aller les admirer dans l’écrin qui leur est dédié depuis 2009, la Siamese Fighting Fishes Gallery. Là, sous de pittoresques bâtiments sur pilotis reproduisant l’architecture traditionnelle thaïlandaise, sont en effet exposés des dizaines de bocaux, habités chacun par un spécimen de cette variété de poissons moins impressionnante en taille que ne le laisse supposer son nom, celle des combattants, bien connue des aquariophiles du monde entier et originaire d’Asie du Sud, dont les représentants sont ici directement prélevés dans leur milieu naturel : le Chao Phraya et ses multiples bras. Petits certes, mais d’une beauté qui, comme le rappelle un panneau du musée, leur a valu le surnom de « bijoux orientaux ». Ils se distinguent par leurs couleurs vives, le frou-frou de leurs nageoires dentelées… et leur caractère extrêmement « territorial », qui justifie leur nom et le fait qu’on les isole dans des bocaux individuels !

 

Un panneau à l’étage rappelle les modalités de la pratique des combats de poissons et la justifie par une approche à nos yeux originale, consistant à ériger ces créatures en un modèle de courage et d’honneur, affrontant des adversaires bien plus gros qu’eux sans chercher à se défiler… ces petits poissons modèles doivent tout de même partager la vedette avec quelques spécimens d’espèces beaucoup plus imposantes, qu’on aimerait pour le coup voir évoluer dans des aquariums un peu plus grands… Le lieu en tout cas est tout à fait charmant, et mérite qu’on s’y arrête avant de s’enfoncer davantage dans la péninsule.

 

À bicyclette

 

C’est en effet l’un des rares endroits de Bangkok qui s’y prêtent : la circulation y est faible, et les automobilistes, habitués à la présence de nombreux cyclistes, leur prêtent une certaine attention. La forêt et l’eau, omniprésentes, rafraîchissent l’atmosphère, et dès l’arrivée à l’embarcadère de Bang Kachao, on peut louer des bicyclettes pour 100 bahts la journée. Que demander de plus ?

 

Le vélo est même à vrai dire le seul moyen de pénétrer dans la forêt en s’aventurant dans le dédale de voies sur pilotis qui connecte chaque maison de la zone – et ici l’habitat dispersé n’est pas un vain mot – au réseau principal ; une certaine concentration est même nécessaire pour tenir son guidon bien droit tant ces passages sont étroits, et peu ragoûtante la perspective de tomber dans le marécage qu’ils surplombent !

 

Les sources de distractions sont pourtant incessantes dans ce milieu quasi vide d’hommes et pourtant grouillant de vie ! Expérience dépaysante garantie : on a bien du mal à croire que l’agitation de Bangkok n’est qu’à quelques kilomètres de là…

 

La balade se poursuit au joli petit marché flottant de Bang Namphueng, où chaque weekend la communauté thaï-môn de la péninsule de Phrae Pradaeng régale les visiteurs de hoi thot (pancakes aux moules frites) ou de khanom khrok, sortes de puddings à la noix de coco cuits dans les trous d’un appareil en fonte. ceci en plus des habituels plats à base de nouilles servis directement depuis la barque où ils sont préparés.

 

La plupart des stands bordent en effet un réseau d’étroits canaux, sur lesquels ponts (et ponts-levis !) se succèdent avec un charme fou. restaurants et cafés au bord de l’eau y affichent une décoration particulièrement soignée, entre meubles en bois traditionnels et objets chinés insolites tels que les affectionnent les clients des bars branchés de Thonglo-Ekamai.

 

Sauf qu’ici, l’ambiance bohème se savoure à prix doux ! Après cette halte gourmande, les plus courageux pousseront leur visite jusqu’à la partie la plus resserrée de la boucle où les attendent les vestiges d’un fort ( Pom Phlaeng Faifa) édifié au début du XIXème siècle par le roi rama II, conformément à la volonté de son père de protéger la nouvelle capitale, Bangkok, des attaques birmanes qui avaient détruit la précédente, Ayutthaya.

 

C’est sur ces quelques rappels de l’histoire de la capitale qu’on s’apprête à y retourner, enchanté de s’en être échappé le temps d’une journée. Puis, de retour sur le quai, on distingue, incroyablement proche, la silhouette de buildings familiers… et on réalise qu’on ne l’avait jamais quittée.

 

Sacha Duroy

 

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2 Commentaires

    • Cher lecteur, un grand merci, nous avons rajouté un lien google pour répondre en partie à votre demande. Bonne lecture.

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