À rebours des attentes économiques, le baht thaïlandais affiche une étonnante résilience. En cause : sa surprenante corrélation avec le cours de l’or, qui persiste même en période de ralentissement économique ou de différentiel de taux d’intérêt croissant avec les États-Unis. Une relation atypique qui intrigue les analystes, car elle repose davantage sur des mécanismes de marché que sur des flux commerciaux réels.
Une relation durable avec l’or
Depuis plusieurs années, le baht suit de près les variations du cours de l’or. Cette relation est si forte qu’elle a résisté aux ajustements statistiques visant à neutraliser l’impact du dollar américain. Selon les analystes de GEM FI & FX Strategy, la corrélation reste significative, avec un coefficient estimé à 0,22 sur les trois dernières années (calculé sur les variations hebdomadaires).
Cette tendance serait liée à des arbitrages sur les contrats à terme sur l’or entre les marchés thaïlandais et internationaux, en raison de différences de pureté du métal échangé. Ce mécanisme technique provoquerait des mouvements ponctuels du baht, mais l’ampleur et la régularité de cette corrélation soulèvent des questions.
Des exportations d’or trop faibles pour l’expliquer
À première vue, on pourrait penser que la Thaïlande profite simplement d’un marché florissant de l’or et des bijoux. Mais les données commerciales racontent une autre histoire : les exportations d’or sont bien trop modestes pour justifier une telle sensibilité du baht au métal précieux. En comparaison, les importations nettes de pétrole — cinq fois plus importantes — n’ont jamais provoqué un effet aussi marqué sur la devise thaïlandaise, alors même qu’elles pèsent lourdement sur l’équilibre économique du pays.
D’autres facteurs entrent en jeu
En toile de fond, la Thaïlande continue d’afficher une croissance faible, un secteur exportateur très exposé aux tensions commerciales, et un écart croissant entre les taux d’intérêt américains et thaïlandais, qui alimente les sorties de capitaux locaux. Malgré cela, le baht reste ferme, soutenu notamment par le recul du dollar, la baisse des prix du pétrole, la hausse de l’or et une réduction des coûts de transport maritime.
Ces trois postes — pétrole, or, fret maritime — représentent ensemble plus de 10 % du PIB thaïlandais, ce qui compense en partie les pertes potentielles liées au ralentissement du commerce mondial.
Quelle trajectoire pour le baht ?
À court terme, le baht pourrait faire face à des turbulences. L’été est traditionnellement une période moins favorable pour la balance courante du pays. La vigueur récente de la devise pourrait également susciter des inquiétudes chez les exportateurs, déjà fragilisés par une demande mondiale inégale. De plus, tant que les discussions commerciales internationales restent en suspens, les perspectives restent incertaines.
Mais à moyen terme, les analystes entrevoient un retour à une tendance haussière du baht, en particulier à partir du quatrième trimestre, lorsque les flux commerciaux saisonniers redeviendront favorables.
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